Comment voyez-vous l’avenir des régimes de retraite de façon
globale?

NOUS AVONS FRAPPÉ le fond du baril. La forte chute des taux d’intérêt
à long terme, qui dure depuis plusieurs années, fait très
mal. Heureusement, nous voyons de la lumière au bout du tunnel. En 2005,
les taux d’intérêt à court terme ont commencé
à augmenter. Il reste à espérer un raffermissement des
taux à long terme, ce qui permettrait aux promoteurs de régime
de mieux respirer. L’économie canadienne se porte bien et les bons
rendements des dernières années ont redonné confiance aux
investisseurs. Les promoteurs de régimes peuvent donc regarder l’avenir
avec optimisme.

Voyez-vous l’application des lignes directrices d’un bon oeil?

JE VOIS L’APPLICATION des lignes directrices d’un oeil très
positif. À la suite de la vague de conversions des régimes, nous
avons observé un certain laxisme chez les promoteurs de régimes.
Plusieurs d’entre eux ont cru qu’ils n’avaient plus aucune
responsabilité envers les participants. Avec l’application des
lignes directrices , les participants seront bien servis, les fournisseurs choisis
rempliront bien leur mandat et ces derniers documenteront adéquatement
leurs pratiques.

Selon vous, les régimes à prestationsdéterminées
sont-il en péril?

LES RÉGIMES À PRESTATIONS DÉTERMINÉES demeureront,
spécialement dans certains environnements bien précis. D’une
part, les syndicats au Québec sont très puissants et voudront
protéger ce véhicule. D’autre part, les cadres supérieurs
continueront à exiger de tels régimes. Les employeurs d’envergure
qui désirent attirer les exécutifs n’auront d’autres
choix que de maintenir les régimes à prestations déterminées
pour ces participants. Quant aux professionnels, qui changent d’employeurs
de plus en plus régulièrement, les régimes à cotisation
déterminée peuvent s’avérer la solution pour leur
assurer une retraite intéressante.

Les mesures proposées par Québec pour conserver les régimes
à prestations déterminées sont-elles satisfaisantes?

IL EST INTÉRESSANT que le gouvernement souhaite alléger le financement
des régimes à prestations déterminées, mais je doute
que cela soit suffisant. La pression que subissent les employeurs ne concerne
pas uniquement le financement, mais aussi la comptabilisation des engagements.
Les normes comptables relatives aux régimes de retraite font en sorte
que c’est très pénalisant pour un employeur de rapporter
dans ses livres les passifs des régimes à prestations déterminées.
Même en allégeant le financement, cela ne changera rien du point
de vue comptable. Les employeurs continueront de faire face à une pression
constante pour ne pas avoir de tels passifs dans leurs états financiers.

De façon générale, les régimes de retraite sont-ils
suffisamment financés?

En assumant que les régimes continueront d’exister, ils sont
suffisamment financés. Il existe deux mesures pour évaluer les
régimes de retraite, soit une base de continuité, qui est établie
sur des hypothèses actuarielles à long terme, et une mesure de
solvabilité. Le problème réside dans le fait que les taux
d’intérêt à long terme connaissent un creux historique.
Résultat, les régimes sont aujourd’hui tous insolvables
ou presque. Par contre, si on analyse ces régimes sur une base de continuité,
le contenu de la caisse sera investi dans des fonds diversifiés permettant
ainsi aux caisses d’atteindre probablement leurs objectifs de placement
et leurs obligations envers les participants.

Afin d’obtenir des rendements plus élevés, les caisses
devraient-elles revoir leur répartition d’actif?

À LA SUITE DE L’ABOLITION de la limite sur le contenu étranger,
plusieurs ont vu une belle opportunité d’investir davantage à
l’extérieur du pays. Il faut toutefois rester prudent puisque,
depuis cette annonce, l’appréciation du dollar canadien a été
favorable par rapport aux autres devises. Je ne suis pas un grand partisan des
investissements étrangers. Après tout, les prestations sont calculées
en dollars canadiens pour des participants canadiens. De plus, l’économie
locale va très bien présentement. Il est certes nécessaire
de diversifier son portefeuille, mais en investissant massivement à l’étranger,
le promoteur s’expose par ailleurs à un important risque de change.

En terminant, le rôle des consultants est-il appelé à
changer au cours des prochaines années?

LE RÔLE DES CONSULTANTS a déjà passablement évolué.
Nous sommes passés d’un rôle axé davantage vers la
conformité dans les années 1990 à une approche plus intégrée
depuis quelques années. Cette nouvelle approche touche entre autres le
design des régimes, les communications auprès des participants
et l’application des meilleures pratiques de gouvernance. C’est
une intervention plus large, mais aussi beaucoup plus stimulante!