Le vieillissement de la population prend une place croissante parmi les grands défis économiques que le Canada devra relever au cours des prochaines années. En juin dernier, Watson Wyatt annonçait déjà un ralentissement appréciable de la croissance de la main-d’oeuvre disponible canadienne après 2016, alors que la génération des baby-boomers approche l’âge de la retraite. Une amélioration constante du niveau de vie par rapport aux taux historiques suppose que la demande augmentera beaucoup plus vite que l’offre sur le marché du travail, phénomène qui annonce une pénurie de main-d’œuvre.

En effet, la population active canadienne risque de connaître une importante carence de plus de 100000 travailleurs d’ici 2009. Cette carence devrait approcher le million d’ici 2016. Ces estimations concernent une pénurie générale de travailleurs dans l’économie dans son ensemble.

L’inaction face à la carence de main-d’œuvre canadienne entraînera une stagnation économique et le ralentissement des améliorations du niveau de vie par rapport à ce que nous avons connu au cours des 20 dernières années. Où le Canada peut-il trouver plus de travailleurs pour sa main-d’œuvre disponible?

Trois solutions sont couramment évoquées dans les études: i)promouvoir la participation des travailleurs d’âge mûr, ii)intensifier l’immigration, iii)améliorer la productivité de la main-d’œuvre.

i)Promouvoir la participation des travailleurs d’âge mûr

Le fait d’inviter les membres de la génération du baby-boom à prolonger leur carrière constitue une stratégie efficace pour ajouter davantage de travailleurs à la population active canadienne. Les taux de participation des personnes de 55 à 64 ans à l’approche de la retraite ont beaucoup augmenté depuis le milieu des années 1990. Une hausse continue d’un point de pourcentage par année au cours des cinq prochaines années ajouterait environ 300000 travailleurs d’ici 2016.

ii)Intensifier l’immigration

En plus des mesures internes, il serait également possible d’attirer des travailleurs de l’étranger. L’immigration a toujours été une source importante de croissance de la main-d’œuvre disponible au Canada. Près d’un million de nouveaux immigrants se sont ajoutés à la population active au cours des années 1990, représentant environ 70% de la croissance totale de la main-d’œuvre disponible. Si l’on hausse progressivement l’immigration pour l’amener de 0,7% à 1% de la population totale, cela permettrait d’ajouter quelque 600000 nouveaux travailleurs au Canada d’ici 2016.

iii)Améliorer la productivité de la main-d’œuvre

Le fait d’augmenter progressivement la participation des travailleurs d’âge mûr de cinq points de pourcentage tout en haussant l’immigration à 1% de la population totale devrait éliminer la pénurie de main-d’œuvre pour les dix prochaines années. Toutefois, ces deux mesures ne suffiront pas à fournir suffisamment de travailleurs pour répondre à la demande de main-d’œuvre au-delà de 2016. La croissance de la productivité canadienne doit atteindre au moins 1,75% par année pour éliminer la carence en main-d’œuvre et se traduire par des améliorations du niveau de vie qui sont durables à long terme.

Compte tenu du fait que la croissance de la productivité de la main-d’œuvre s’est établie en moyenne à environ 2%par année au cours des cinq dernières décennies, 1,75% peut paraître comme un objectif réalisable. Toutefois, une étude plus approfondie montre que la croissance de la productivité de la main-d’œuvre a grandement ralenti depuis 1985. La productivité de la main-d’œuvre dans les entreprises canadiennes ne progresse qu’à raison de 1,2% seulement par année, en moyenne, depuis le milieu des années 1980.

De nombreuses études ont été entreprises pour examiner les différents facteurs qui influencent la productivité de la main-d’œuvre à long terme au Canada. Une des conclusions importantes de ces études est qu‘en combinant les investissements dans les technologies de l’information et des communications(TIC)avec une excellente gestion des ressources humaines, on produit un effet positif. Les investissements dans les nouvelles technologies sont essentiels pour améliorer la productivité, mais le succès de l’adoption des technologies par la main-d’œuvre dépend de bonnes pratiques de ressources humaines.