La moitié de l’actif financier québécois est maintenant responsable, c’est-à-dire qu’il est investi en considérant les enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance. En progression phénoménale au Québec, ces investissements directs et placements boursiers sont ainsi passés en dix ans de 198 G$ à 457 G$. Ils ont donc augmenté de 131 %.

C’est ce qu’indique l’étude de l’Institut de recherche en économie contemporaine (IRÉC) présentée la semaine dernière dans le cadre du colloque québécois de l’investissement responsable organisé par le Réseau PRI Québec. Ce portrait publié tous les trois ans depuis 2006 ne laisse aucune place au doute, selon son auteur Claude Dostie Jr, chercheur à l’IRÉC : ce type de placements gagne chaque année un peu plus en popularité. Il constate en effet que les placements responsables sur les marchés financiers sont en hausse de 61 % entre 2013 et 2016, après déjà une forte augmentation de 70 % entre 2010 et 2013.

Pour justifier cet intérêt, M. Dostie explique que la finance responsable est de plus en plus perçue comme étant tout à fait rentable.

« La conscientisation croissante face à des phénomènes de délocalisation, de financiarisation ou simplement au regard des enjeux de changements climatiques a mené les analystes et les investisseurs à voir la gestion des enjeux ESG comme des opportunités de mieux gérer les risques financiers, peut-on lire dans le rapport. Devant la possibilité de chocs climatiques ou simplement de boycott, il devient rationnel de vouloir diminuer les risques liés à certains choix d’investir ou de placer son épargne, ou l’épargne de ses clients ».

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Un écosystème vivant

Une autre étude dévoilée lors de ce colloque portait sur la place de Montréal dans le secteur de la finance responsable. Finance Montréal a ainsi exposé les atouts dont la métropole dispose pour s’affirmer comme une plaque tournante de l’investissement responsable dans le monde. Dans une étude comparative entre Montréal et d’autres grandes villes, on observe notamment que le positionnement proactif des grands détenteurs d’éléments d’actifs institutionnels montréalais est reconnu par les experts, même si la métropole ne prend que la neuvième place sur dix villes étudiées.

Pour le vice-président Affaires publiques et partenariats stratégiques à Finance Montréal, Matthieu Cardinal, le fait que Montréal ne soit pas une place boursière joue en sa défaveur parce que les sommes en jeu ne sont pas à la hauteur. Mais il note que là où la métropole se défend très bien, c’est dans la manière dont elle est perçue par les experts consultés.

Si M. Cardinal souligne la proactivité des grands détenteurs d’éléments d’actifs tels que la Caisse de dépôt et placements du Québec, le Mouvement Desjardins, Fiera Capital ou encore les grands régimes de retraite des travailleurs, il insiste sur le fait que le Québec dispose également d’un nombre important de fournisseurs de données avec de plus en plus de programmes de recherche, et même une Chaire de recherche en finance responsable à l’Université de Sherbrooke.

« Les grandes compagnies d’assurances sont également des leaders en la matière, précise-t-il. Parce qu’elles sont les premières affectées, financièrement, par les changements climatiques. Tout cela fait qu’au Québec en général, et à Montréal en particulier, la finance responsable est sortie de son état de niche pour devenir la norme. »

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