Depuis le 1er janvier, les salariés français peuvent se prévaloir d’un nouveau droit : le droit à la déconnexion. Ils ne sont donc plus tenus de répondre aux appels, courriels et messages textes en dehors des heures de travail. Mais plutôt que de réduire le stress des employés, cette législation pourrait plutôt l’exacerber, selon un expert interrogé par Le Figaro.

Le droit à la déconnexion, qui est inséré dans la controversée « loi travail », vise les entreprises de plus de 50 salariés. Son objectif est d’assurer aux travailleurs le respect des temps de repos, des congés et de l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée.

Chaque entreprise devra ainsi mettre en place des dispositifs de régulation de l’utilisation des outils numériques, mais aucune sanction n’est prévue en cas d’absence de résultats.

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Ce n’est pas l’outil le problème

Plutôt que de faciliter la vie des entreprises et des salariés, le droit à la déconnexion va les mettre face à de nouvelles difficultés, soutient Jean-Noël Chaintreuil, spécialiste des questions de ressources humaines appliquées au numérique.

« On se trompe de cible en montrant du doigt l’outil. Il n’est pas l’unique responsable de tous les maux des travailleurs comme le stress au bureau, l’anxiété, ou le burnout… Ce n’est pas le téléphone intelligent qui ordonne à l’employé de consulter ses courriels », a-t-il expliqué en entrevue au Figaro.

Selon le spécialiste, ce sont les mauvais gestionnaires qui sont au cœur du problème, car ce sont eux qui poussent les salariés à consulter leurs courriels en pleine nuit. Empêcher les employés de prendre un appel ou de répondre à un courriel à l’extérieur des heures de travail pourrait même créer davantage de pression et de stress.

« Imaginez un travailleur qui va se forcer à envoyer un courriel à 17 h 59 parce que son entreprise lui interdit de le faire après 18 heures, donne-t-il en exemple. Va-t-on punir un collaborateur parce qu’il a répondu à un courriel après le dîner? Ce droit à la déconnexion va engendrer des difficultés supplémentaires. C’est grotesque! »

M. Chaintreuil critique également la pauvreté du contenu de la loi, qui pousse les entreprises à gérer le droit à la déconnexion elles-mêmes. « Autrement dit, on met en place une loi générique pour gérer du cas par cas. Dès le départ, c’est un contresens », dit-il.

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