La Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) a annoncé mardi le renouvellement du conseil d’administration d’Otéra Capital, ainsi que l’harmonisation du code d’éthique et de déontologie de la filiale de financement hypothécaire avec celui du bas de laine des Québécois.

Le nouveau code d’Otéra s’attarde notamment aux conflits d’intérêts, cadeaux et divertissement, activités externes et protection de la réputation, transactions personnelles, confidentialité de l’information, contrats de prêt, adhésion et déclarations d’intérêts, signalement, traitement des plaintes et sanctions. Le nouveau conseil d’administration a approuvé le nouveau code d’éthique.

La Caisse a dû intervenir auprès sa filiale Otéra dans la foulée de la publication, en février, d’une série de reportages du Journal de Montréal faisant état d’irrégularités.

Le quotidien avait notamment révélé que le chef de la direction d’Otéra, Alfonso Graceffa, avait obtenu 11 prêts totalisant plus de 9 M$ d’une filiale d’Otéra pour financer des immeubles à revenus dont il était propriétaire; que l’économiste Edmondo Marandola agissait comme promoteur immobilier parallèlement à son emploi chez Otéra; et que sa vice-présidente Martine Gaudreault entretenait des liens d’affaires avec un prêteur privé relié au crime organisé.

À la suite d’une enquête interne, l’investisseur institutionnel a annoncé en mai le congédiement de quatre personnes, dont Alfonso Graceffa et Edmondo Marandola, ainsi que Martine Gaudreault.

Même si son président-directeur général, Michael Sabia, avait qualifié les manquements de « choquants et inacceptables », l’enquête de la Caisse a conclu « qu’aucune preuve de fraude ou de blanchiment d’argent touchant le portefeuille d’Otéra [n’avait] été établie » et « qu’aucun élément [n’avait] été trouvé pouvant permettre de conclure que le portefeuille d’Otéra a fait l’objet de transactions frauduleuses ».

La Caisse a précisé mardi qu’un plan exhaustif encadrant le déploiement des recommandations du rapport d’enquête quant aux pratiques d’affaires d’Otéra avait été préparé par la direction d’Otéra, et que la mise en œuvre des recommandations était en cours d’exécution.

La Caisse en a profité pour aussi harmoniser le code d’éthique de sa branche immobilière, Ivanhoé Cambridge, avec le sien.

Nouveaux visages au conseil

Les deux tiers des neuf sièges du nouveau conseil seront occupés par de nouveaux visages. Tel que précédemment annoncé, ceux-ci comprennent le chef de la direction des risques et des relations avec les déposants à la Caisse, Claude Bergeron, ainsi que la présidente et cheffe de la direction d’Otéra, Rana Ghorayeb.

Les nouveaux membres dont l’identité a été dévoilée mardi comprennent Lise Bastarache, une ex-présidente de la Banque Royale qui siège déjà aux conseils d’administration de la Banque Laurentienne et de Chartwell résidences et Viateur Chénard, un ex-associé au cabinet d’avocats Stikeman Elliott aujourd’hui administrateur de sociétés œuvrant notamment dans le domaine de l’investissement et du développement immobilier.

Les deux autres nouveaux venus sont Laurent Giguère, membre du conseil d’administration de la Fondation du Grand Montréal qui a passé près de 40 ans chez KPMG, notamment à titre d’associé, et Christine Marchildon, présidente de la Fondation du Y des femmes et membre de la Fondation de l’Hôpital général juif, qui a été pendant plus de 30 ans cadre supérieure dans des institutions financières d’envergure, dont la Banque TD.

Les trois derniers membres du conseil en faisaient déjà partie. Il s’agit de Marc Cormier, premier vice-président et chef du revenu fixe et des stratégies actives de superposition à la Caisse; Sylvain Fortier, chef de l’investissement et de l’innovation chez Ivanhoé Cambridge; et Mylène Villeneuve, gestionnaire de portefeuille à l’immobilier, aux placements privés et au régime de rentes du Mouvement Desjardins.

Un comité de gouvernance et d’éthique a été créé au sein du conseil. Selon la Caisse, ce conseil aura pour mandat de veiller à ce qu’Otéra « maintienne les plus hautes normes de gouvernance et d’éthique ». Il se penchera notamment sur les questions de conformité, d’éthique et de conflits d’intérêts, a précisé la Caisse dans un communiqué.