Le recul de l’économie américaine devrait demeurer contenu à moins que les tensions financières s’amplifient davantage
Le Québec échappera de justesse à la récession en ce début d’année
L’économie américaine connaîtra un repli au cours de 2008, notamment en première moitié d’année. Selon les économistes du Mouvement des caisses Desjardins, la prévision de croissance du PIB réel, pour les États-Unis, s’établit aux alentours de 1 % pour cette année. Ils estiment, toutefois, que l’aspect dramatique habituellement associé au terme « récession » doit cette fois-ci, être modéré. La récession actuelle, si elle devient officielle, devrait être de faible amplitude, soit loin d’un recul marqué de l’économie sur une longue période. C’est ce qui ressort des plus récentes prévisions économiques préparées par les économistes du Mouvement des caisses Desjardins.
« Les pays européens et asiatiques ne seront pas épargnés. Il n’est toutefois pas question de récession dans ces régions, affirme M. François Dupuis, vice-président et économiste en chef chez Desjardins. La croissance de l’économie mondiale devrait ralentir vers les 4 % en 2008, comparativement à plus de 5 % en 2007 ».
Selon lui, le resserrement des conditions de crédit, conséquence de la crise des liquidités, limite la croissance des dépenses de consommation et de l’investissement des entreprises dans de nombreux pays, notamment en Amérique du Nord, mais aussi au Japon, au Royaume-Uni et en Europe continentale.
Quant au Canada, il vit une dualité tranchante. D’un côté, la demande intérieure est très vigoureuse. Elle a connu une croissance de 6,9 % au quatrième trimestre de 2007. D’un autre côté, le secteur extérieur traverse des heures très éprouvantes avec des exportations réelles en baisse de 8,5 % au cours du même trimestre et des importations en hausse de 10,9 %.
« Avec un dollar qui se maintiendra près de la parité et une économie américaine en recul, la situation se poursuivra au cours de 2008. Le combat entre ces deux composantes de l’économie résultera en une croissance de seulement 1,3 % pour 2008, la moitié moins que celle enregistrée en 2007, soit 2,7 % », a pour sa part précisé M. Yves St-Maurice, Directeur et économiste en chef adjoint.
Selon lui, l’Ontario sera la province la plus touchée par le recul de l’activité aux États-Unis. « Son économie est à la merci de l’industrie manufacturière, surtout du secteur de l’automobile qui traverse une période de restructuration majeure. Elle est plus dépendante des exportations internationales que le Québec et ne pourra pas échapper à un recul de sa production au cours des deux premiers trimestres de 2008 », ajoute-t-il.
« Techniquement, l’Ontario sera donc en récession au début de l’année », estime M. St-Maurice. Il croit par contre que le Québec y échappera de justesse grâce aux baisses d’impôts et aux dépenses publiques en infrastructures ». Selon M. St-Maurice, les croissances du PIB réel en Ontario et au Québec seront respectivement de 0,5 % et de 1,2 % en 2008, comparativement à 2,1 % et 2,4 % en 2007. Les provinces de l’Ouest domineront l’activité économique canadienne avec des croissances du PIB réel variant entre 1,7 % pour le Manitoba et 3,0 % pour l’Alberta.
« Avec les crises du crédit hypothécaire et des liquidités qui se poursuivent, la volatilité des marchés boursiers, l’aversion renouvelée pour le risque sur les marchés financiers et un environnement économique mondial qui se dégrade, les assouplissements monétaires se poursuivront en 2008 un peu partout dans le monde. Aux États-Unis, le taux des fonds fédéraux devrait descendre sous la barre des 2 % d’ici l’été alors qu’au Canada, il est fort probable que le taux directeur passera sous les 3 % », de préciser M. Dupuis.
Avec de tels écarts de taux entre les États-Unis et le Canada et les prix des matières premières qui restent élevés, surtout pour le pétrole, les économistes de Desjardins estiment que l’on doit s’attendre à ce que le huard demeure près de la parité en 2008. Le prix moyen du baril de pétrole devrait s’établir à environ 92 $US en 2008, comparativement à 72 $ US en 2007. Le Dow Jones et le S&P 500 enregistreront des gains inférieurs à 2 % en 2008 pour rebondir de 8 % en 2009. Grâce aux matières premières, le S&P/TSX fera un peu mieux, soit un gain de 3 % en 2008 et de 10 % en 2009.