La double rémunération : une pratique répandue et inacceptable
L’Association des cadres des collèges du Québec (ACCQ) est inquiète du retour au travail de retraités haut salariés des secteurs public et parapublic dans des postes réguliers, un phénomène de plus en plus fréquent qui aura un impact désastreux, non seulement en ce qui concerne la relève, mais également quant à la viabilité du régime de retraite collectif du personnel d’encadrement (RRPE).
L’ACCQ dénonce le fait qu’il y ait un nombre croissant de gestionnaires et de hauts fonctionnaires retraités des secteurs public et parapublic qui reviennent au travail pour occuper des postes réguliers pour des périodes pouvant atteindre cinq ans. Ce faisant, ils retirent leurs rentes de retraite en plus d’un salaire non soumis aux régimes d’assurances et de retraite.
« Bien que cette façon de faire ne soit pas illégale, elle suscite des questions préoccupantes. Qu’un cadre supérieur puisse toucher une double rémunération alors que les personnes qui travaillent pour lui voient leurs augmentations salariales limitées à 2 % pour les prochaines années peut s’avérer une pilule difficile à avaler. Il est important de dénoncer cette pratique, car ce sont tous les contribuables qui paient pour l’enrichissement d’une minorité », a déclaré Jean Perron, président-directeur général de l’ACCQ.
Les effets pervers sont évidents. Le personnel des ministères, des différentes institutions parapubliques et des sociétés d’État prennent des retraites prématurées pour réintégrer leurs fonctions par la suite. De cette façon, les chances d’avancement pour le personnel plus jeune sont d’autant diminuées.
De plus, comme le nombre de retraités augmente, il y a moins de cotisants aux régimes publics. Nul doute, cet état de fait menace fortement la viabilité du RRPE et augmente par le fait même la pression sur les travailleurs-cotisants. « Le gouvernement tente de solutionner le problème de la démographie pour diminuer le fardeau fiscal des Québécois, mais d’un autre côté, rien n’est fait pour enrayer cette pratique qui mènera inévitablement à un conflit intergénérationnel », s’est inquiété M. Perron.
Avant même l’apparition de ce phénomène, les actuaires confirmaient que les retraités ne représentaient que 10 % de la clientèle du Régime de retraite du personnel d’encadrement des secteurs public et parapublic (RRPE) en 1990 et qu’ils passeraient à 50 % en 2011. « Au rythme où le phénomène de retraite anticipée s’accélère, nous atteindrons la proportion d’un travailleur pour un retraité bien avant 2011 », a poursuivi Jean Perron.
Les plus expérimentés sont essentiels dans toutes les organisations et l’Association des cadres des collèges du Québec ne s’oppose pas à ce qu’ils agissent à titre de mentors ou de consultants, mais pour de courtes périodes. L’ACCQ encourage aussi les mesures incitatives pour maintenir en poste des cadres supérieurs qui souhaitent poursuivre leur carrière et continuer de servir le public, en autant que cela respecte des règles équitables.
« Il est impératif que le gouvernement prenne les moyens pour que cessent ces pratiques administratives de nominations de retraités pour des postes réguliers de longue durée. Il faut faire confiance à la génération de jeunes employés, car on ne prépare pas l’avenir en se tournant systématiquement vers le passé », a conclu Jean Perron.