Les employés du secteur public québécois bénéficient d’une rémunération globale supérieure à celle de leurs homologues du secteur privé soutient l’Institut Fraser dans  un récent bulletin de recherche. Un constat qui s’explique en partie par un écart « considérable » en matière de régimes de retraite.

En 2018, seulement 22 % des travailleurs québécois du secteur privé pouvaient compter sur un régime de pension agréé (RPA), et seulement la moitié (53,8 %) de ceux-ci participaient à un régime à prestations déterminées. Le portrait est bien différent dans le secteur public, où la presque totalité des employés (95,1 %) cotisent à un régime de pension agréé, de type prestations déterminées dans 95,4 % des cas.

Le rapport de l’Institut Fraser, basé sur des données de Statistique Canada, indique aussi que les employés du secteur public prennent leur retraite en moyenne trois ans plus tôt que les employés du secteur privé. Alors qu’en 2018 l’âge moyen de la retraite pour l’ensemble des travailleurs québécois se situait à 62,7 ans, il atteignait 63,5 ans dans le secteur privé, par rapport à 60,5 ans dans le secteur public.

Environ 64,8 % des travailleurs œuvrent dans le secteur privé au Québec, tandis que 22 % sont employés par le secteur public. Les travailleurs indépendants constituent quant à eux 13,3 % de la main-d’œuvre de la province.

Rémunération globale en « décalage »

Du côté salarial, les employés gouvernementaux québécois, y compris les travailleurs fédéraux, provinciaux et municipaux, ont reçu en moyenne un salaire supérieur de 9,2 % à celui des travailleurs comparables du secteur privé en 2018. Cet écart salarial prend en compte des différences entre les travailleurs des deux secteurs comme l’âge, le sexe, la scolarité, l’ancienneté et le type de travail, précise l’Institut Fraser. Lorsque sont comparés uniquement les travailleurs syndiqués, l’écart rétrécit toutefois à 5,8 %.

Le rapport a aussi analysé des éléments non financiers de la rémunération globale des travailleurs. Par exemple, les fonctionnaires de la province s’absenteraient de leur travail pour des raisons personnelles 65,7 % plus souvent que les travailleurs du secteur privé, soit 16,9 jours comparativement à 10,2 jours. Les employés de l’administration publique courraient également dix fois moins de chance de perdre leur emploi que les employés du secteur privé.

À la lumière de ces résultats, l’Institut Fraser estime que l’alignement de la rémunération du secteur public sur celle du secteur privé permettrait de mieux contrôler les dépenses gouvernementales sans réduire les services et d’atteindre une plus grande équité pour l’ensemble des contribuables.

« Bien sûr, les gouvernements au Québec doivent offrir une rémunération compétitive pour attirer des employés qualifiés, mais il est indéniable que les salaires et les avantages sociaux dans le secteur public sont en décalage par rapport au secteur privé », affirme Vincent Geloso, chercheur à l’Institut Fraser et professeur agrégé d’économie à King’s University College, à London en Ontario.

Les conclusions du bulletin de recherche de l’Institut Fraser contrastent avec celles de l’enquête annuelle sur la rémunération des salariés de l’Institut de la statistique du Québec, qui considère que la rémunération globale des employés des secteurs public et privé se trouve en « zone paritaire », avec tout de même un léger avantage de 2,2 % pour les travailleurs du secteur public. À noter cependant que l’enquête de l’ISQ n’inclut pas les entreprises privées de moins de 200 employés, qui offrent généralement des salaires et des avantages sociaux moins généreux.