Le président et chef de la direction de la Banque Scotia, Rick Waugh, recommande fortement que les modifications à apporter aux réglementations internationales soient amenées avec prudence à mesure que l'économie mondiale amorce sa reprise. Il souligne par ailleurs l'importance pour le Canada de reconnaître les forces de son système.

« Il s'agit pour toutes les parties et à tous les niveaux, dans le secteur public comme dans le secteur privé, de s'en tenir à une gestion prudente et équilibrée », a déclaré M. Waugh à l'occasion d'un déjeuner à guichet fermé du Canadian Club à l'hôtel Fairmont Royal York.

M. Waugh a déclaré qu'il faut des changements, mais les risques d'une réaction exagérée et de nuire à la reprise de notre croissance économique ne doivent pas être traités à la légère.

Selon lui, le secteur financier au Canada est déjà fort et bénéficie d'une surveillance fiscale, monétaire et réglementaire efficace ainsi que d'une saine et prudente gestion des institutions financières. Il a ajouté que la Loi sur les banques est solide et complète tout en permettant le changement et l'évolution. Le pays profite en outre du dialogue ouvert entretenu avec les banques par les décideurs politiques et le Bureau du surintendant des institutions financières (BSIF).

« À l'heure actuelle, certaines suggestions inquiétantes sont proposées par un certain nombre de pays sur la manière de structurer et de réglementer le secteur financier mondial afin d'empêcher d'autres crises et de renforcer le système dans le futur », a souligné M. Waugh, qui a siégé à titre de coprésident du Comité sur les pratiques exemplaires du marché de l'Institut des finances internationales.

D'après lui, ces propositions doivent être examinées avec la plus grande attention. Le Canada ne doit pas essayer de corriger les choses trop vite, ou d'aller trop loin et courir ainsi le risque de voir se profiler des conséquences non désirées au retour de la croissance économique et de la stabilité financière.

« Notre système peut toujours être amélioré, mais il n'est pas détraqué. Il est possible que des solutions visant à corriger les systèmes qui ont échoué ne nous conviennent pas », a-t-il insisté.

M. Waugh a proposé deux recommandations générales : veiller à une collaboration entre les organismes de réglementation, les décideurs politiques et le secteur privé sur les enjeux du risque systémique, tout en permettant à des institutions financières, grandes ou petites, de faire faillite, mais de façon méthodique et contrôlée; et veiller à ce que les banques et les institutions financières privées adoptent une culture du risque qui comporte une responsabilisation de tous les participants, et un système de freins et de contrepoids à l'externe comme à l'interne.

« Au Canada, cela signifie qu'il faut mettre sur pied une commission nationale des valeurs mobilières et veiller à ce qu'elle fasse partie du processus de collaboration », a-t-il indiqué. « La collaboration est particulièrement importante à l'ère de la mondialisation et de l'interdépendance, et en période d'incertitude. »

La crise a montré le degré élevé d'interdépendance du système financier mondial. Il est crucial que toutes les parties prenantes travaillent de concert à la construction d'un nouveau cadre financier qui prenne en compte cette interdépendance complexe. », a-t-il conclu.