83% des travailleurs canadiens ont déjà fait du « présentéisme » selon un sondage sur la santé

Pas moins de 42 % des Canadiens se sont présentés au travail au moins une fois en 2007 alors qu’ils étaient épuisés ou malades. Parmi ceux-ci, 29 % l’ont fait de trois à cinq fois, 11 % de six à dix fois et 12 % plus que dix fois. C’est ce que révèle le premier volet du 5e sondage national sur la santé des Canadiens publié par Desjardins Sécurité financière. Les répondants justifient s’être présentés au travail épuisés ou malades pour l’une ou plusieurs des raisons suivantes:

o respecter des dates d’échéance imminentes (61 %),
o prévenir l’accumulation du travail (55 %),
o éviter la surcharge de travail auprès de leurs collègues (49 %),
o la crainte d’être mal jugés si absents du travail (41 %)
o ne pas perdre une partie de leur revenu (40 %).

Par ailleurs, neuf travailleurs sur dix croient que les problèmes de santé mentale liés au stress, tels que l’épuisement professionnel (burn-out), la dépression et l’anxiété, s’accentuent au fil des ans. Au sujet de leur réalité quotidienne au travail qu’ils disent caractérisée par un environnement de plus en plus stressant, un manque de reconnaissance et une surcharge de travail, 65 % des Canadiens déclarent qu’ils prennent de moins en moins part aux décisions touchant leur travail. En fait, 61 % des travailleurs estiment qu’ils en font trop pour leur employeur avec qui 60 % d’entre eux disent entretenir des relations difficiles. Enfin, 55 % des répondants avouent qu’ils ont de moins en moins de contacts avec leurs collègues de travail.

« Bien que chaque personne soit la première responsable de la gestion de sa santé, de tels résultats doivent amener les employeurs à se pencher sérieusement sur la réalité de leur milieu de travail et sur son impact sur la santé de leurs employés, souligne Alain Thauvette, premier vice-président, Assurance pour les groupes et les entreprises, Desjardins Sécurité financière. À long terme, les employeurs ne peuvent être sûrs de la solidité de leur entreprise avec des travailleurs en mauvaise santé. »

Tout n’est pas noir !

Les pressions liées au travail ne figurent toutefois qu’en troisième position derrière les problèmes d’argent et les questions de santé selon les répondants interrogés sur les aspects les plus stressants de leur vie.

Michele Nowski, directrice, Règlements d’assurance salaire, Desjardins Sécurité financière, n’est pas surprise : « En réalité, seul un faible pourcentage des absences liées à la santé mentale est uniquement attribuable à des problèmes au travail. De toute évidence, la gestion du stress demeure une lutte de tous les jours, mais la responsabilité principale du milieu du travail consiste à offrir des conditions propices à la santé des travailleurs afin de les aider à faire face aux exigences de leur quotidien. Le reste doit être assumé par le travailleur lui-même. »

Les milieux de travail semblent s’adapter peu à peu aux enjeux soulevés par la santé mentale dans les entreprises. Près des deux tiers des travailleurs estiment que les hauts dirigeants de leur entreprise se préoccupent de leur mieux-être et 4 personnes sur 10 considèrent que c’est en raison de l’écoute et de l’ouverture aux échanges manifestée par leur gestionnaire.

Par ailleurs, parmi les 55 % des travailleurs qui ont déjà vu un collègue s’absenter du travail durant une certaine période à cause d’un problème de santé mentale, 82 % indiquent qu’ils font maintenant davantage attention à leur façon d’agir afin de favoriser une bonne santé mentale au travail alors que 68 % d’entre eux affirment être maintenant plus sensibles à leur propre santé mentale. De plus, 82 % des répondants ne croient pas que ceux qui s’absentent du travail pour cause de santé mentale ne font qu’en profiter pour prendre des vacances payées.

« Je suis frappé par la compassion dont font preuve les travailleurs envers leurs collègues qui ont des problèmes de santé mentale. Il est évident que l’attitude des entreprises et des travailleurs à l’égard de la santé mentale a énormément évolué, dit le Dr Taylor Alexander, directeur de l’Association canadienne pour la santé mentale. De plus en plus d’entreprises adoptent des attitudes, des comportements et des politiques qui favorisent la santé mentale de leurs employés et qui font vraiment partie intégrante de la culture de l’organisation, affirme Dr Alexander. Il en va non seulement du mieux-être de tous, mais aussi de la rétention des travailleurs, de la relève nécessaire et même de la performance des entreprises. Les résultats du sondage prouvent qu’il reste encore beaucoup de travail à faire, et nous devrions tous y réfléchir et nous engager, surtout pendant la Semaine nationale de la santé mentale. »