La crise financière intensifie les préoccupations des dirigeants canadiens au sujet des régimes de retraite, autant ceux à prestations déterminées (PD) et à cotisations déterminées (CD), selon le sixième sondage annuel sur le risque lié aux régimes de retraite mené par Watson Wyatt.
Des 161 chefs des finances et vice-présidents des ressources humaines qui ont répondu au sondage, 88 % sont d’avis que les régimes PD sont aux prises avec une crise de capitalisation généralisée. Environ un tiers des répondants (35 %) pensent que les problèmes de capitalisation actuels sont de nature cyclique, tandis que 53 % prévoient que la crise sera de longue durée. Ces résultats représentent un changement considérable par rapport à l’an dernier alors que seulement 34 % des répondants avaient déclaré que la crise serait de longue durée au Canada.
« Sans allégement temporaire des exigences de provisionnement, les imposantes cotisations exigées limiteront la capacité des promoteurs de régimes à faire des investissements essentiels dans leur entreprise », déclare Ian Markham, directeur de l’innovation en matière de retraite des bureaux canadiens de Watson Wyatt. « Cette situation pourrait provoquer une réaction en chaîne dans l’économie canadienne et réduire la demande visant les biens et services d’autres entreprises, freinant du même coup la croissance de l’emploi. »
Les trois quarts des répondants de régimes PD d’entreprise ont déclaré que sans allégement des exigences de provisionnement par les gouvernements, ils seront tenus de réduire sensiblement ou modestement leurs dépenses en immobilisations en vue de
disposer des capitaux nécessaires pour capitaliser leurs écrasants déficits de solvabilité.
Malgré la conjoncture actuelle, les régimes PD n’ont pas encore apporté des changements majeurs à la conception de leurs régimes. En effet, 41 % des répondants ont déclaré qu’ils n’avaient aucunement l’intention de transformer leurs régimes PD en régimes CD, contre 42 % l’an dernier. De plus, rien ne laisse clairement voir une réorientation vers des stratégies d’investissement plus prudentes. Même si l’augmentation de la pondération et de la duration des obligations constituent des stratégies fréquemment employées en vue de stabiliser les coûts, nous n’avons pas encore remarqué un abandon massif des actions et des autres titres de croissance.
« Les déficits de solvabilité considérables incitent de nombreux promoteurs de régimes PD à réévaluer leur tolérance au risque et leurs stratégies de placement », déclare Jean-Jacques Chouinard, chef de pratique, Services-conseils en gestion de l’actif, Est du Canada. « Lorsque la poussière retombera, un certain nombre d’entreprises pourraient adopter des stratégies de placement plus prudentes. »
Les dirigeants mentionnent par ailleurs l’insuffisance de l’épargne-retraite, attribuable à de faibles cotisations et à des rendements médiocres, comme la plus sérieuse menace pour la viabilité à long terme des régimes CD. Pourtant, la plupart des promoteurs de régimes CD ne sont pas convaincus qu’il leur incombe de fixer et de viser un taux cible de remplacement du revenu pour les participants, et 90 % d’entre eux s’attendent à ce que les niveaux de cotisations des employeurs demeurent inchangés au cours des trois prochaines années.
« Le risque que les travailleurs manquent d’argent pour prendre leur retraite s’est accentué depuis le début de la crise financière », précise David Burke, directeur de la pratique de Retraite au Canada pour Watson Wyatt. « Les employés qui n’ont pas les moyens de prendre leur retraite peuvent compliquer grandement la tâche des répondants de régimes, qui tentent de rationaliser leurs activités afin de résister à la récession actuelle. C’est particulièrement vrai pour les répondants de régimes CD. »