L’implosion du marché des prêts hypothécaires à haut risque aux États-Unis et la baisse subséquente des marchés des actions mondiales le mois dernier ont inquiété plusieurs caisses de retraite quant aux implications à long terme du statut de leur financement.
Les marchés de la bourse à travers le monde ont dégringolé et la panique s’est vite emparée des investisseurs. Au 21 août, l’indice S&P/TSX Composite avait perdu 9,5 % depuis le sommet atteint à la mi-juillet de 14 629,76, mais il n’avait tombé que de 4,8 % seulement depuis la fin juin. La baisse de la fin de l’été du TSX signifie que les actions ont été relativement stables pour l’année en date de la mi-août.
Heureusement, les dommages aux niveaux de financement des caisses de retraite semblent avoir été minimes, selon Paul Forestell, associé et chef de la pratique canadienne du groupe de retraite chez Mercer, Consultation en ressources humaines. « Puisque le rendement des obligations a monté, les régimes de retraite sont mieux financés qu’ils ne l’étaient à la fin de l’année dernière.»
« Bien que certaines caisses de retraite puissent ne pas avoir été directement exposées aux instruments financiers qui ont causé le problème, elles en seront tout de même affectées simplement par l’effet de contagion sur les autres marchés dans lesquels elles investissent », signale Greg Malone, associé principal chez Eckler.
« Les seules caisses de retraite qui pourraient avoir été partiellement exposées par les prêts hypothécaires à haut risque sont les plus grosses caisses », mentionne Steve Bonnar, associé principal chez Towers Perrin. Il ajoute toutefois que les régimes typiques n’ont virtuellement aucun lien avec les prêts hypothécaires, outre une petite partie du marché de l’immobilier.
« Quoi qu’il en soit, la correction de marché ne constitue pas une surprise considérant que les actions ont obtenu de bons rendements dans les dernières années, souligne M. Bonnar. Depuis le début de 2003 jusqu’au mois de juin dernier, le rendement annuel composé fut supérieur à 20 % pour le marché canadien des actions. Il faut en profiter, car il ne faudrait pas croire que cela perdurera éternellement. À un moment donné, il faudra s’attendre à une secousse. Les marchés sont volatils et d’ailleurs, nous le voyons en ce moment. »
La volatilité du marché ne représente plus uniquement un problème pour les régimes à prestations déterminées, mais aussi pour les régimes à cotisations déterminées. Les investissements à revenu fixe ont aussi été touchés et les acheteurs ne veulent plus être à l’avant-plan pour se procurer des effets de commerce structurés adossés à des créances(ABCP). M. Malone croit que les promoteurs de régimes devraient analyser les fonds de marché monétaire ainsi que les fonds à revenu fixe qu’ils offrent afin de déterminer s’ils désirent apporter des changements.
Même le plus « sûr » de tous les choix d’investissements n’est plus considéré sûr s’il détient des effets commerciaux non bancaires adossés à des créances mobilières. Les fonds de marchés monétaires sont souvent détenus par les participants de régimes à cotisations déterminées. S’ils ne font pas de choix d’investissement, les fonds de marché monétaire constituent l’option par défaut dans 40,2 % des régimes selon le Canadian Pension Fund Directory’s 2006 Benchmark Report.
La Banque Nationale, l’Industrielle Alliance et Desjardins ont récemment annoncé qu’ils achèteraient tous les ABCP de leur filiale de fonds mutuels, alors que la Banque Scotia, BMO et la Banque TD ont confirmé pour leur part que leurs fonds du marché monétaire canadien ne détiennent aucun effet commercial non bancaire adossé à des créances mobilières.
Pendant que les marchés ont dégringolé et que plusieurs ont paniqué à vendre, un promoteur de régime—avec les deux types de régime, CD et PD— a déclaré que les participants du régime sont demeurés calmes. « Nos employés sont restés très calmes pendant la crise et personne n’est venu s’informer auprès de moi.»
Pour les promoteurs de régimes à cotisations déterminées, M. Malone croit que la communication avec les participants des régimes est essentielle lorsque survient une crise comme celle-là. Les participants du régime doivent se faire rappeler le lien qui existe entre leur tolérance personnelle au risque et leur horizon de placement, et sur l’effet du coût moyen des actions achetées par sommes fixes.
Par ailleurs, il recommande aux promoteurs de régimes à prestations déterminées de débuter un dialogue avec leurs gestionnaires de fonds et leurs consultants au sujet de leur exposition directe et indirecte à la crise des prêts hypothécaires à haut risque. « Comme toujours, lorsque vient le temps de revoir votre stratégie d’investissement, le focus doit être d’abord mis sur le risque. Si les promoteurs ont développé des stratégies pour gérer ou minimiser le risque, il s’agit du moment idéal pour s’assurer que ces stratégies ont bien fonctionné, a dit M. Malone. Pour les promoteurs de régimes qui n’ont pas su faire évoluer leurs stratégies d’investissement et d’allocation d’actifs, les derniers événements devraient être l’élément déclencheur pour commencer à le faire », a-t-il insisté.