L’ancien pdg de la Caisse de dépôt et placement du Québec prend la «responsabilité totale» de la situation du PCAA qui a tant fait mal à l’institution. C’est sous son règne, a-t-il rappelé, que la Caisse a commencé à investir dans lepapier commercial adossé à des actifs. «L’erreur n’a pas été d’en acheter, a-t-il dit, mais d’en accumuler autant.» L’institution en détenait pour 39,8milliards$ lorsque la valeur du produit controversé a fondu comme neige au soleil.

Ce sont là quelques-unes des grandes déclarations qu’a faites qu’Henri-Paul Rousseau lors d’un discours très attendu, prononcé le 9mars devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.

«J’aurais volontiers comparu devant la Commission des finances publiques de l’Assemblée nationale, a-t-il lancé d’emblée. Et, bien sûr, je suis toujours disposé à le faire.»

Celui qui a dirigé la Caisse de 2002 à 2008 a dit souhaiter faire de son allocution une occasion de mettre en perspective la crise sans précédent qui secoue l’institution. L’an dernier, la Caisse a enregistré une perte de 25%, la pire de son histoire.

«Une baisse de 25%, c’est énorme, a-t-il concédé. Cette tempête […] a frappé tout le monde. Aucun grand investisseur nord-américain n’y a échappé.» Henri-Paul Rousseau a notamment évité toute comparaison avec OMERS, le Régime de retraite des employés municipaux de l’Ontario, qui a récemment annoncé un rendement total négatif de 15,3% pour 2008.

« Je n’ai pas fui la Caisse»
Henri-Paul Rousseau a expliqué que la crise du crédit, amplifiée par la faillite de Lehman Brothers, n’a épargné aucun pan du monde financier et qu’elle a miné la confiance des investisseurs. «En 45 jours de l’automne 2008, il s’est produit plus d’événements et de rebondissements que pendant les presque 45ans d’existence dela Caisse», a-t-il dit.

Il a d’ailleurs déclaré que cette tempête «nous apprend à devenir plus humble». «Il nous faut dorénavant tout envisager, même l’improbable, voire l’impossible, a-t-il ajouté. La crise de 2008 a tout changé à tout jamais.» Il est d’avis que des changements toucheront l’ensemble du système financier, sa réglementation et ses pratiques, ici comme partout ailleurs.

Henri-Paul Rousseau se dit convaincu que la Caisse de dépôt et placement du Québec est bien «positionnée pour l’avenir». De 2002 à 2007, la part des actions cotées en Bourse dans l’actif de l’institution est passée de 42% à 36%, a-t-il illustré. Dans le même intervalle, la part des actifs non traditionnels (placements immobiliers, infrastructures, fonds de placement privés, etc.), générateurs de revenus réguliers, est passée de 22% à 35%.

Enfin, il a tenu à éclaircir les circonstances qui ont entouré son départ, le 30mai 2008. Plusieurs observateurs et acteurs du milieu lui ont reproché d’avoir quitté la Caisse avant que ne surgissent les problèmes de celle-ci.

«Je ne suis pas parti en pleine tempête et n’ai pas fui la Caisse, a-t-il souligné. […] Ceux qui me connaissent savent que je ne suis pas de ceux qui se défilent devant leurs obligations.» Il a précisé qu’avant son départ, il a notammentparticipé à la restructuration du PCAA.Tous les chefs de la direction de la Caisse, depuis Jean Campeau, ont quitté leurs fonctions au printemps, moment le plus approprié pour effectuer la transition, a-t-il poursuivi.

Environ 730 convives, dont de nombreuses personnalités financières et politiques, ont assisté à son allocution.