Au Canada, et partout dans le monde, les sociétés audacieuses qui ont fait des fusions et acquisitions depuis la faillite de Lehman Brothers en récoltent les fruits. En moyenne, ces « acquéreurs » ont surclassé de 6,3 % l’indice MSCI Mondial.
Selon Towers Perrin, les craintes que les fusions et acquisitions soient plus risquées en raison des défis que pose l’évaluation des entreprises après la chute de Lehman Brothers semblent mal fondées. Au contraire, une nouvelle analyse conclut que les transactions effectuées en cette période de difficultés économiques génèrent de la valeur au lieu d’en faire perdre.
Des meilleurs résultats
L’étude réalisée par Towers Perrin et la Cass Business School du Royaume-Uni porte sur 204 transactions internationales d’envergure, dont 14 au Canada, d’une valeur de plus de 100 M$, réalisées entre le 15 septembre 2008 (date à laquelle Lehman a déclaré faillite) et le 31 mai 2009. Dans l’ensemble, les entreprises qui n’hésitent pas à conclure des transactions profitent d’occasions avantageuses et obtiennent de meilleurs résultats que celles qui n’osent pas le faire.
En fait, plus une entreprise s’engage dans des transactions, meilleur est son rendement. Les entreprises qui ont réalisé des acquisitions multiples, 15 d’entre elles ayant conclu 32 transactions, ont surclassé l’indice MSCI Mondial de 8,1 %. À l’échelle mondiale, les sociétés qui ont acquis des entreprises en Amérique du Nord ont enregistré le meilleur rendement sur le marché, soit un rendement supérieur de 9,1 % au taux du marché mondial. Par ailleurs, les acquéreurs canadiens ont surclassé l’indice nord-américain de 17,7 %.
« La faillite de Lehman Brothers marque un tournant important sur les marchés internationaux et nous avons voulu analyser l’incidence d’un événement d’une telle ampleur sur les fusions et acquisitions », indique Éric D’Amours, chef, Fusions, acquisitions et restructuration chez Towers Perrin au Canada.
Selon lui, de nombreuses entreprises au Canada, comme partout ailleurs dans le monde, hésitent à s’engager dans des transactions en cette ère post-Lehman. « Elles risquent ainsi de passer à côté de l’occasion de profiter d’une situation où la concurrence se fait moins forte pour acquérir des actifs solides à des prix avantageux. Comme le démontre notre analyse, la fortune sourit aux audacieux », a-t-il ajouté.
Autres conclusions
En plus des données sur les rendements positifs par rapport au marché, voici d’autres constatations découlant de l’analyse :
• Les sociétés ayant fait des acquisitions à l’intérieur de leurs propres pays ont surclassé le marché de 7,7 %, tandis que celles ayant conclu des ententes à l’étranger l’ont surclassé de 4 %.
• Dans le secteur des services financiers, les sociétés ayant conclu des transactions ont obtenu un rendement supérieur au marché de 0,4 % seulement, mais elles ont surclassé de 14 % le rendement des entreprises de leur groupe de comparaison.
• Le secteur des soins de santé est celui qui a enregistré les meilleurs résultats avec un rendement de 13,8 % supérieur au marché. Le secteur de la technologie a surclassé le marché de 9,3 % et le secteur de l’énergie l’a surclassé de 7,3 %.
Pour aider les acquéreurs en cette période de crise à maximiser le rendement, Towers Perrin suggère de porter une attention toute spéciale aux trois points suivants :
– Faire une revue diligente avec diligence : précipiter la conclusion d’une affaire parce que le prix semble intéressant demeure irresponsable et pourrait entraîner des conséquences très néfastes.
– Prioriser l’intégration des entreprises : tirer rapidement parti des synergies, le moral des employés pouvant être à la baisse dans le contexte économique actuel. Il faut privilégier les éléments essentiels à la création de valeur : leadership, culture, rémunération globale, communication, déploiement de la main-d’œuvre, dotation et sélection du personnel.
– Être bien préparé : tirer avantage de la tranquillité relative actuelle concernant les fusions et acquisitions pour former le personnel et l’outiller. Une telle préparation assurera la rapidité et la qualité de l’exécution le moment venu.
Ces ‘acquéreurs courageux’ confirment que les transactions judicieuses ont leur place dans l’arsenal des sociétés en bonne situation financière durant les mois d’incertitude à venir.
« Les critères de réussite des fusions et acquisitions sont les mêmes quel que soit le climat financier. Étant donné la rapidité avec laquelle les transactions sont conclues de nos jours, les sociétés canadiennes ont fait particulièrement attention pour assurer une revue diligente accrue, même après la conclusion de la transaction, ainsi qu’une meilleure planification de l’intégration après la transaction », conclut, M. D’Amours.