Près d’un tiers (31 %) des travailleurs québécois affirment qu’ils ont été témoins ou victimes de harcèlement psychologique dans leur milieu de travail. C’est ce que révèle un sondage CROP effectué pour l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés et dont les résultats sont dévoilés à l’occasion du cinquième anniversaire de l’ajout de dispositions pour contrer le harcèlement psychologique dans la Loi sur les normes du travail.

« Ces résultats sont très préoccupants, mais cela ne signifie pas qu’il s’agit nécessairement de harcèlement psychologique au sens de la Loi. Il faut distinguer les véritables cas des situations où l’employeur exerce son droit de gérance ou son autorité envers des employés par exemple », a nuancé M. Florent Francoeur, CRHA, président-directeur général de l’Ordre.

M. Francoeur ajoute que c’est toutefois le signe que des tensions existent dans les milieux de travail. « C’est pourquoi il est important de rappeler que les employeurs ont avantage à mettre en place des mesures préventives et à agir dès l’apparition des premiers symptômes, afin d’éviter que des situations pouvant dégénérer en harcèlement ne contaminent le climat de travail. Nous prônons la tolérance zéro en cette matière », a-t-il ajouté.

Le harcèlement psychologique : des recours bien connus
Le sondage CROP montre également que les dispositions contre le harcèlement psychologique sont relativement bien connues des travailleurs. En effet, cinq ans après leur adoption, 81 % des répondants savent qu’il existe une telle protection pour les travailleurs au Québec. Ce pourcentage se chiffrait à 83 % en 2007. « À cet égard, on doit saluer le travail accompli par la Commission des normes du travail », a indiqué monsieur Francoeur.

Les recours : les femmes sont plus craintives
Les femmes craindraient davantage que les hommes d’entreprendre des
recours si elles étaient victimes de harcèlement. En effet, le sondage révèle
qu’une femme sur quatre (25 %) aurait peur de porter plainte contre son
employeur si elle était victime de harcèlement psychologique, alors que ce
pourcentage est de 14 % chez les hommes et de 20 % dans l’ensemble.

« Par ailleurs, si on fait abstraction du sexe, c’est aussi inquiétant d’apprendre qu’un travailleur sur cinq aurait peur de porter plainte contre son employeur s’il se considérait victime de harcèlement », a précisé M.Francoeur.

En ce qui a trait aux plaintes contre un collègue de travail, on note que les craintes s’estompent légèrement. En effet, on observe que 13 % des travailleurs craindraient de porter plainte contre un collègue de travail; chez les femmes, ce pourcentage se situe à 17 % alors qu’il n’est que de 9 % chez leurs homologues masculins.

Les plus hauts salariés craignent aussi…
Le sondage révèle enfin que 25 % des travailleurs dont les revenus se chiffrent à 80 000 $ et plus disent qu’ils auraient peur de porter plainte contre leur employeur s’ils étaient victimes de harcèlement psychologique au travail. Ce pourcentage baisse à 9 % chez les salariés qui gagnent entre 20 000 $ et 40 000 $ annuellement.

« Ce résultat est étonnant, car selon la perception populaire, ceux qui gagnent un meilleur salaire sont souvent plus scolarisés et mieux informés sur leurs droits. On pourrait peut-être expliquer ce résultat par le fait que les personnes qui ont des revenus plus importants occupent habituellement des postes plus élevés dans la hiérarchie. Étant plus près de la haute direction, elles peuvent craindre de perdre leur statut », a indiqué M. Francoeur.