Quand on parle de coûts de santé, plusieurs sujets nous viennent à l’esprit: coûts des soins de santé, coût des médicaments, coût de l’absentéisme, du présentéisme, des invalidités, etc. Dans ce contexte, les employeurs sont particulièrement préoccupés par l’augmentation des frais d’assurance collective et en particulier par les coûts reliés à l’invalidité. Avec les conditions subjectives qui ont considérablement augmenté dans les dernières années, la gestion de l’invalidité est de plus en plus complexe et les employeurs de plus en plus sollicités. Comment remédier à la situation?

Du côté de la recherche sur la santé des travailleurs, on accorde beaucoup d’importance au milieu de travail. Dans une étude réalisée pour Santé Canada, intitulée Conseils sur la gestion des risques associés au stress en milieu de travail, le docteur Martin Shain parle de l’impact direct du milieu de travail et du climat organisationnel sur la santé et la productivité des individus. On reconnaît maintenant qu’un milieu de travail non sain, où l’individu a un contrôle réduit sur son travail, et un déséquilibre entre l’effort qu’il doit fournir et la reconnaissance reçue, augmente considérablement les risques de maladies coronariennes et de problèmes de santé mentale.

Dans le dernier sondage sur les soins de santé de Sanofi-Aventis, on peut voir que les individus se responsabilisent de plus en plus vis-à-vis de leur santé. Ils veulent plus d’information et de services reliés à la santé et un régime d’assurance qui les protègent convenablement. Trente-cinq pour cent des répondants du sondage ont répondu qu’ils aimeraient avoir accès dans leur milieu de travail à de l’information et des activités sur la promotion de la santé.

Pour leur part, les publications spécialisées encouragent les employeurs à adopter une approche intégrée de la gestion des absences, où ils doivent adresser à la fois la prévention, la gestion de la présence au travail et la gestion du retour au travail.

Pour attirer et retenir les meilleurs employés, l’employeur doit offrir un régime d’assurance collective compétitif, un milieu de travail sain, une approche intégrée de la gestion de l’invalidité, et une stratégie de santé mieux-être, des moyens de support pour les employés en difficulté, et tout cela en contrôlant les coûts! Mais comment choisir la meilleure stratégie au meilleur coût possible et adaptée aux besoins particuliers de l’entreprise?

Une approche intégrée
Les assureurs sont conscients des défis rencontrés par les employeurs et ont adapté leur langage et leurs pratiques à cette réalité. On peut, par exemple, considérer la gestion de l’invalidité comme un cycle de l’invalidité, où les clients reçoivent du support en vue d’adopter une approche intégrée de gestion des absences couvrant la prévention, la gestion des invalidités de courte et longue durée et le retour au travail. L’assureur peut aider l’entreprise, en collaboration avec le conseiller en avantages sociaux, à relever ces défis.

Tout d’abord, il possède un portrait unique de l’utilisation des soins de santé de l’entreprise qui peut être d’une aide précieuse dans l’établissement d’un diagnostic de la situation. L’assureur peut également fournir à l’employeur des données comparatives pertinentes pour son secteur d’industrie. Grâce à leurs contacts privilégiés avec les réclamants, les analystes en gestion de l’invalidité développent une connaissance complémentaire de la situation et du climat de l’entreprise. Pourquoi ne pas utiliser cette information?

Un cas concret
L’employeur X décide de s’attaquer aux coûts de son régime d’assurance invalidité. Avec l’aide de l’assureur, et en impliquant tous les intervenants(bureau de santé, syndicat, conseiller en avantages sociaux), il a tout d’abord effectué un diagnostic détaillé de sa situation, afin d’identifier les causes dominantes d’invalidité, leurs durées moyennes, le pourcentage d’absences reliées au travail, et comparer ces données avec des statistiques du marché. Ils ont aussi travaillé à établir des liens entre le profil des réclamations et les données d’absentéisme recueillies par l’employeur, l’utilisation du programme d’aide aux employés(PAE), les constatations de l’analyste responsable des réclamations, etc. Un sondage auprès des employés a aussi permis à l’employeur de confirmer certaines données sur la santé organisationnelle de son entreprise.

À l’aide de ces données, l’entreprise a été en mesure avec l’assureur d’établir un plan d’action adapté à ses besoins. En premier lieu, ils se sont entendus pour maximiser l’utilisation des ressources existantes, incluant l’information sur la santé et mieux-être mise à sa disposition par l’assureur. Des sessions d’information ont été organisées afin d’informer les employés et superviseurs des services offerts par le PAE.

En ce qui concerne la gestion d’invalidité et le retour au travail, l’employeur et l’assureur ont travaillé ensemble à l’établissement d’un processus de gestion des invalidités et de retour au travail visant à ramener les employés au travail selon leurs capacités, dans des conditions satisfaisantes pour tous. Chez l’assureur, les analystes responsables du groupe ont adapté leur gestion de dossier et leurs interactions avec les réclamants afin de tirer parti de toutes les ressources présentes dans l’entreprise.

Les superviseurs ont un rôle extrêmement important à jouer dans la santé des travailleurs. Toutefois, ils n’en sont pas toujours conscients. Grâce à l’information recueillie par l’analyste dans les dossiers d’invalidité, on a pu identifier les besoins de l’entreprise et l’assureur a offert des séances de formation sur la gestion de l’invalidité et le retour au travail aux gestionnaires de première ligne.

Au cours de cet exercice, l’assureur a aussi découvert que l’employeur réservait les postes allégés pour les accidentés du travail. Malheureusement, cette façon de gérer les invalidités n’aide pas le taux de satisfaction des employés, et il risque de créer un effet de vase communiquant en augmentant les coûts d’assurance collective. L’employeur aurait beaucoup plus d’impact sur la santé et l’engagement de ses travailleurs en adoptant une approche intégrée de gestion de toutes les invalidités survenant dans son entreprise, quelle qu’en soit la cause.

L’assureur catalyseur et facilitateur
Dans la situation qui précède, l’assureur a agi comme catalyseur en provoquant une prise de conscience de la direction, et en aidant à rassembler et à canaliser les énergies vers des solutions aux problèmes propres à la compagnie. On a maximisé l’utilisation des outils déjà en place en les intégrant aux activités traditionnelles de gestion de l’invalidité. La gestion en silo des initiatives a été éliminée et les investissements optimisés grâce à un plan d’action commun qui a permis l’intégration des activités reliées à la santé des travailleurs et de l’entreprise.

L’assureur doit s’efforcer de bien connaître ses clients pour leur offrir ce dont ils ont besoin à toutes les étapes du cycle de la gestion de l’invalidité: la prévention, la gestion des capacités et le retour au travail. À moyen et à long terme, cette approche de gestion intégrée permettra vraiment de réduire les coûts et d’adresser la situation sur tous les fronts en réduisant à la fois le nombre de demandes et la durée des invalidités.

Christine Potvin est vice-présidente, Gestion de risques, invalidité et santé et mieux-être

France Morin est directrice, Meilleures Pratiques et Amélioration, pour la Standard Life.