
La vaste majorité des membres de l’Association des économistes québécois interrogés (89%) pense que la situation des revenus de retraite des Québécois est préoccupante dans le contexte du vieillissement de la population et de taux de rendement plus faibles qu’attendu sur les actifs des régimes de retraite. Cette situation commande, selon la moitié d’entre eux, une approche fédérale-provinciale coordonnée (50%), alors que 39 % considèrent plus appropriée une approche parallèle fédérale-provinciale selon les champs de compétences. Seulement 5% penchent plutôt du côté d’une approche à la pièce selon les urgences.
Parmi les moyens qui peuvent être mis en place pour faire face à la situation, celui de l’augmentation des incitatifs aux travailleurs les encourageant à rester plus longtemps en emploi ou à y revenir fait pratiquement consensus : 89% sont favorables à cette mesure générique, contre 8% qui sont en défaveur et 3% qui ne se sont pas prononcés. Les autres dispositions pour lesquelles une forte majorité d’économistes consultés ont exprimé leur appui sont les suivantes : accroître l’indépendance entre l’entreprise et les fonds de pension (76% favorables), augmenter le rang de créancier attribué aux retraités pensionnés en cas de faillite des entreprises (74% favorables), ainsi que repousser l’âge du début des prestations du RRQ/RPC à 67 ans, ou plus tard, si le travailleur le demande et permettre de contribuer à ces régimes sur la période additionnelle de travail (72% favorables).
Les avis sont plus partagés pour d’autres avenues. La mesure consistant à hausser les taux de contribution au RRQ/RPC en cas de déficit actuariel sans diminuer les prestations récolte 63% d’appuis parmi les économistes sondés, alors que 30% y sont défavorables. Celle visant à repousser l’âge de l’obligation de transformer un REER en FERR obtient l’appui de la moitié des économistes interrogés (51%), alors que 25% y sont défavorables et 24% qui ne se sont pas prononcés. La moitié d’entre eux (48%) est aussi en faveur de lier, jusqu’à un certain point, les prestations au rendement des régimes publics (RRQ/RPC), comme en Scandinavie. Cependant, le tiers (33%) est défavorable à cette mesure.
La seule avenue qui divise les économistes consultés est celle de repousser l’âge d’admissibilité à la Pension de la sécurité de la vieillesse à 67 ans : 47% considèrent favorablement cette mesure contre 48% qui y sont défavorables, et 5% n’ont pas émis d’opinion à cet égard. «En somme, commente Jean-Michel Cousineau, président du Comité des politiques publiques de l’Association des économistes québécois, il faut reconnaître, dans ces réponses au sondage, une préférence professionnelle nette qu’ont les économistes en faveur de mesures incitatives (89 %) plutôt que coercitives (48 %) ».