La santé financière d’un employé n’a pas que des effets sur son portefeuille, elle peut aussi grandement influencer sa santé physique et sa productivité au travail. C’est du moins la conclusion d’une étude réalisée par la Financière Manuvie et Ipsos Reid auprès de 2 000 travailleurs canadiens.
Dans un contexte où une demande d’invalidité sur trois découle d’un problème de santé mentale et où la moitié des travailleurs canadiens affirment avoir déjà souffert d’un problème de santé mentale, il semble urgent de déterminer les causes d’une telle épidémie. Pour les employeurs, la réponse semble évidente puisque 90 % d’entre eux affirment que c’est le stress qui en est le grand coupable. Et avec un taux d’endettement qui atteint des niveaux record au Canada (165 % du revenu net), la situation financière est l’une des principales sources de stress chez les travailleurs. D’ailleurs, parmi les répondants qui ont indiqué avoir un niveau de stress élevé, 45 % d’entre eux en attribuent la cause à leur situation financière personnelle.
Selon les données du sondage, les employés en mauvaise santé financière, qui représentent environ un employé sur trois, sont deux fois plus susceptibles d’être distraits par des soucis financiers. « Ils peuvent manquer de concentration puisqu’ils vont prendre du temps pour penser à leurs soucis personnels, ce qui va conduire à un désengagement face à leur employeur », précise Josée Morache, gestionnaire principale relations client à la Financière Manuvie. En plus de vivre davantage d’anxiété, les personnes en mauvaise santé financière sont aussi 80 % plus susceptibles de vivre d’une paie à l’autre et 44 % moins susceptibles de s’être fixé un objectif d’épargne-retraite.
En revanche, les personnes en bonne santé financière sont 22 % plus engagées que les personnes en mauvaise santé financière et 21 % plus susceptibles d’aimer leur travail. « Il ne faut pas faire un lien trop rapide entre richesse et santé, les gens moins fortunés peuvent tout aussi bien être en bonne santé financière. C’est la question du comportement qui est la plus importante », tient toutefois à souligner Daniel Audet, directeur de comptes principal à la Financière Manuvie.
D’autres facteurs, comme l’accès à des régimes d’assurance et d’épargne-retraite collectifs et à un conseiller financier, sont également non négligeables. Parmi les répondants bénéficiant de régimes d’avantages sociaux, plus de 80 % étaient en bonne santé financière, contre seulement 52 % chez ceux qui n’en bénéficiaient pas. Ils sont aussi plus nombreux à suivre un plan de gestion de l’endettement et à détenir un Régime enregistré d’épargne-retraite (REER) individuel. Les employés qui font affaire avec un conseiller financier sont aussi mieux préparés financièrement. « Ce qu’on a remarqué, c’est que les gens bien préparés financièrement étaient cinq fois plus susceptibles d’utiliser les services d’un conseiller financier », dit Daniel Audet.
Il est alors important de développer des solutions pour inciter les employés à prendre en main leur situation financière. Tout le monde peut y gagner : l’employé en santé et bien-être, l’employeur en gains de productivité et le fournisseur de services en diminution des réclamations d’assurance et en augmentation des actifs sous gestion dans les régimes de retraite. « On entend souvent que les régimes d’avantages sociaux coûtent cher, mais à la lumière de ces résultats, on réalise qu’au final leur coût est peut-être nul », conclut M. Audet.