Pour les gestionnaires privés, il est pratiquement impossible de concurrencer la ­Caisse sur le terrain des frais. Mais la partie n’est pas perdue pour autant.

« ­Comme caisse de retraite, nous sommes prêts à assumer des frais un peu plus élevés si ­ceux-ci nous permettent de générer des rendements plus élevés. Tout est une question d’évaluation ­risque-rendement », indique ­Luc ­Legris, directeur de l’administration et des finances à la ­Ville de ­Terrebonne.

Pour ­Kit ­Dalaroy, chef des finances à ­Gestion de portefeuille ­Landry, un petit gestionnaire peut se démarquer par ses politiques d’investissement performantes « capables de générer de l’alpha ». Les firmes de taille plus modeste ont également l’avantage d’être plus flexibles et de proposer des approches plus personnalisées à leurs clients. « ­Une firme qui gère 300 millions peut évidemment être beaucoup plus souple qu’une firme qui gère 300 milliards », ­fait-il remarquer.

Dany ­Lemay, chef de la pratique ­Investissement au bureau de ­Montréal de ­Willis ­Towers ­Watson, avance une autre piste de solution. Selon lui, la fuite des actifs vers la ­Caisse est en partie causée par le manque d’offre en gestion non traditionnelle chez les gestionnaires privés locaux. « ­La tendance dans le marché est de se diriger vers ces stratégies alternatives, c’est ce que les caisses de retraite recherchent. C’est certain que si les gestionnaires québécois ne leur offrent pas ces options, ils vont perdre des mandats, ­Caisse de dépôt ou pas. »

La collaboration plutôt que la concurrence
Une autre façon pour les gestionnaires indépendants de se tailler une place dans le marché est de développer des créneaux très pointus pour lesquels ils deviennent une référence. En plus de séduire des clients potentiels, ces stratégies innovatrices peuvent tomber dans l’œil de la ­Caisse de dépôt et d’autres grands investisseurs institutionnels, qui confient certains de leurs mandats à des gestionnaires externes.

« ­Nous travaillons en collaboration avec une vingtaine de partenaires pour des mandats confiés à l’externe, dont plusieurs gestionnaires québécois, et ce, autant dans les marchés publics que dans les marchés privés et le capital de risque. Nous utilisons de cette façon l’expertise de pointe qui existe au sein de l’industrie financière québécoise », mentionne à ce propos ­Jean-Benoît ­Houde, conseiller principal, relations avec les médias à la ­Caisse de dépôt et placement du ­Québec.

La collaboration plutôt que la compétition ? ­Voilà une approche susceptible de plaire à de nombreux gestionnaires d’actif indépendants. « ­La ­Caisse pourrait envisager de travailler de concert avec les gestionnaires indépendants, par exemple en mettant sur pied un modèle de redistribution des mandats via une plus grande externalisation », propose ­Kit ­Dalaroy.

« ­Mais si au contraire elle décide de tout rapatrier les actifs et de tout internaliser, il y aura de graves conséquences non seulement pour les gestionnaires indépendants, mais aussi pour d’autres intervenants de l’industrie. »

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