Après un arrêt de travail causé par un trouble de santé mentale, les travailleurs de 50 ans et plus ont moins de chance que leurs collègues plus jeunes de réintégrer leur poste de façon durable.

Astrid Velasquez-Sanchez, chercheuse et étudiante à la maîtrise recherche en sciences de la santé à l’Université de Sherbrooke, a pu constater dans son ancienne carrière d’ergothérapeute que plus les gens étaient avancés dans leur carrière, plus ils avaient de la difficulté à réintégrer le marché du travail après un épisode de trouble dépressif, anxieux ou d’adaptation.

« Leur arrêt de travail est en général plus long, et il arrive plus fréquemment qu’ils quittent leur travail de nouveau pour la même raison que la première fois. C’est ce que j’ai observé sur le terrain et je me suis ensuite rendu compte que cela était documenté sans que l’on ait pour l’instant cherché à savoir pourquoi », a-t-elle expliqué en entrevue au Devoir.

Une partie de l’explication pourrait venir du processus normal du vieillissement. Entre le début du déclin cognitif et l’apparition plus marquée de maladies chroniques comme le diabète ou l’hypertension, le rétablissement après un trouble de santé mentale est plus long chez un travailleurs âgé.

« La perception qu’il a de lui-même diminue. Plus la situation s’éternise, moins il croit en sa capacité de reprendre son poste », constate Mme Velasquez-Sanchez.

Un obstacle au report de la retraite

Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, les entreprises sont de plus en plus nombreuses à encourager leurs employés à repousser leur retraite. Or, les retours au travail difficiles des employés âgés est un obstacle majeur dans l’atteinte de cet objectif, observe la chercheuse.

« On constate que les personnes qui multiplient les arrêts de travail à un âge avancé vont avoir tendance à prendre leur retraite plus tôt, indique Astrid Velasquez-Sanchez. Ce sont des salariés qui ont de l’ancienneté, de l’expérience, qui connaissent bien leur milieu. S’ils quittent leur poste prématurément, c’est une grande perte pour l’entreprise. »

Dans le cadre de sa maîtrise, Astrid Velasquez-Sanchez étudiera sur le terrain les différents obstacles vécues au quotidien dans les organisations qui limitent la réintégration des travailleurs âgés après un épisode de maladie mentale. « Dans le contexte de vieillissement de la population et de la main-d’œuvre, les personnes de plus de 50 ans deviennent très importantes, conclut-elle. Les retombées de mon étude auront donc un impact tant sur la santé des travailleurs que sur celle des entreprises québécoises et de la société en général. »