Après une année record en 2019, les souscriptions de rentes collectives par les régimes de retraite canadiens ont fortement ralenti durant la première moitié de l’année 2020 en raison de la pandémie de COVID-19. Mais cette situation sera temporaire, prévoit Eckler.

Dans son rapport annuel sur les transferts des risques liés aux régimes de retraite, la firme de consultation souligne que la grande volatilité des marchés au cours des derniers mois a entraîné une détérioration des conditions de capitalisation des régimes de retraite. En conséquence, ceux-ci ont pour la plupart suspendus leurs achats de rentes. Le Bureau du surintendant des institutions financières a d’ailleurs imposé la suspension des options de transfert de valeur de rachat et des achats de rentes avec rachat des engagements pour les régimes sous son autorité.

Cela dit, le rebond des marchés en avril et en mai a amélioré le niveau de capitalisation des caisses de retraite, ce qui pourrait les inciter à revenir sur le marché des rentes collectives, estime Eckler. « Le différentiel de taux s’est également accru depuis le début de l’année, ce qui pourrait rendre les taux de rentes attrayants par rapport à ceux des portefeuilles d’obligations des régimes de retraite », note le rapport.

Bien que l’incertitude persiste concernant la volatilité et la liquidité sur les marchés, les promoteurs de régime qui ont déjà réduit le risque de leur portefeuille d’actif pourraient encore profiter d’occasions de transfert de risques intéressantes, peut-on également lire dans le rapport.

Globalement, Eckler s’attend à une contraction des ventes de rentes collectives pour l’année 2020, mais prévoit une reprise de la croissance à plus long terme. « Ce bouleversement du marché pourrait éventuellement inciter les promoteurs de régime à effectuer des transferts de risques lorsque la situation de capitalisation se sera rétablie », explique la firme.

2019, une autre année record

Les transactions de rentes collectives ont atteint 5,23 G$ en 2019, comparativement aux 4,5 G$ enregistrés en 2018. Ces transactions sont divisées en parts presque égales entre les rentes sans rachat des engagements et les rentes avec rachat des engagements.

Les assureurs semblent par ailleurs démontrer un intérêt accru pour les transactions de grande envergure. La taille moyenne des transactions a ainsi augmenté de 40 %, passant de 40 M$ en 2018 à 56 M$ en 2019.

Sun Life demeure le plus grand joueur de l’industrie, avec une part de marché de 36 % en 2019. Elle est suivie de RBC Assurances (15 %) et de Brookfield Annuity (13 %). À noter que SSQ Assurance a fait son entrée sur le marché des rentes collectives en début d’année 2020.

L’écart entre les trois meilleures propositions de prix reçus par les régimes de retraite a été moins marqué en 2019 qu’en 2017. Cette tendance est amenée à se poursuivre, juge Eckler, les assureurs s’efforçant de mettre en œuvre diverses méthodes afin d’offrir aux promoteurs de régime des prix concurrentiels et davantage d’innovation.

Le rapport constate également que la popularité croissante des transactions de rentes collectives au Canada a entraîné une médiatisation plus grande de celles-ci. « Aujourd’hui, en effet, les grands titres des médias canadiens font souvent mention des transactions importantes et des mégatransactions d’achat de rentes », souligne le rapport.

Dans ce contexte, les promoteurs doivent surveiller davantage la façon dont ils communiquent leurs décisions liées aux transferts de risques de leurs régimes. Ils peuvent même en profiter pour tenir un discours positif et avancer que la souscription de rentes leur permet de garantir leurs obligations en matière de prestations de retraite auprès des participants