Davantage affectés par les maladies chroniques, les participants plus âgés exercent davantage de pression sur les régimes d’assurance médicaments. Mais attention, ce sont chez les jeunes adultes que la croissance des coûts est dorénavant la plus élevée.

Le coût mensuel par assuré a augmenté de 5,8 % dans les régimes privés d’assurance médicaments au ­Québec entre 2018 et 2019, selon les plus récentes données de ­Telus ­Santé. Or, chez les participants âgés de 20 à 24 ans, le coût mensuel a grimpé de 26,2 % sur la même période. Une telle hausse est largement supérieure à celle observée chez les ­25-29 ans (13,5 %), les ­30-39 ans (8,5 %), les ­40-49 ans (6,0 %), les 50-59 ans (3,8 %) et les ­60-64 ans (3,1 %).

« ­Il s’agit d’une augmentation faramineuse des coûts de médicaments chez les jeunes travailleurs et les étudiants », a commenté l’actuaire ­Jacques L’Espérance lors d’un webinaire le mois dernier.
Si environ le tiers de cette hausse de 26,2 % s’explique par une croissance du coût des réclamations, les deux tiers proviennent plutôt d’une consommation de médicaments de plus en plus grande chez les jeunes adultes.

« ­Environ 30 % de l’augmentation des coûts dans ce groupe d’âge provient des médicaments pour traiter le trouble de déficit de l’attention (TDA) et la dépression, précise ­Jacques L’Espérance. C’est étonnant et un peu dérangeant. »

Il estime que la consommation croissante de médicaments pour traiter le ­TDA chez les étudiants postsecondaires de même que le phénomène d’écoanxiété, qui engendre une plus forte utilisation d’antidépresseurs, pourraient en partie expliquer l’explosion des coûts de médicaments chez les ­20-24 ans.

Le défi de l’adhésion aux médicaments

Les assurés qui ne suivent pas correctement leurs traitements est un enjeu qui préoccupe de plus en plus les promoteurs de régime. Selon les données de ­Telus ­Santé, la probabilité qu’un patient prenne ou non les médicaments qui lui sont prescrits par son médecin varie grandement en fonction de la maladie dont il souffre.

Ainsi, le pourcentage de ­non-adhésion grimpe à près de 66 % dans le cas de l’asthme, alors qu’il n’est que de 16,2 % chez les personnes souffrant de maladies cardiovasculaires ou d’hypercholestérolémie. Environ le quart (24,8 %) des personnes atteintes de diabète ne prennent pas leurs médicaments comme ils le devraient, tout comme 23,0 % des assurés souffrant de dépression.

Pour en venir à ces conclusions, ­Telus ­Santé a compilé le nombre de prescriptions qui n’ont pas été renouvelées environ deux jours après qu’elles ont pris fin.

L’écart entre le privé et le public continue de se creuser

En 2019, la réclamation moyenne dans les régimes privés d’assurance médicaments du ­Québec se chiffrait à 62,62 $, en hausse de 4,6 % par rapport à l’année précédente. Pour les assurés du régime public de la ­Régie de l’assurance maladie du ­Québec (RAMQ), la réclamation moyenne s’élevait plutôt à 37,88 $, en croissance de seulement 0,6 % comparativement à 2018.

« ­En 12 ans, les coûts des régimes privés ont augmenté de 37 % de plus que les coûts du régime public, déplore ­Jacques L’Espérance. Ce n’est pas soutenable, un jour on va devoir réagir. »

Il affirme que l’essentiel de l’écart de coûts entre le privé et le public provient des honoraires et marges facturés par les pharmaciens, qui sont deux fois plus élevés dans les régimes privés. À 18,15 $ par réclamation, ils dépassent également ceux facturés aux assurés de régimes privés en ­Ontario (15,97 $). En considérant que les ­Ontariens reçoivent davantage de doses par réclamation et qu’ils se présentent à la pharmacie moins souvent que les ­Québécois, le coût par réclamation est 18 % moins élevé en ­Ontario qu’au ­Québec.


• Ce texte a été publié dans l’édition de mai-juin 2020 du magazine Avantages.
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