
Bien que les études n’aient pas démontré de différence globale entre les hommes et les femmes dans la prévalence des troubles de santé mentale, les types de troubles mentaux observés selon le sexe biologique assigné à la naissance sont très différents.
« Les femmes sont plus susceptibles d’intérioriser leurs émotions ce qui se traduit souvent par un repli sur soi, de la solitude, un trouble anxieux généralisé, un trouble de dépression majeur, a expliqué Annie Turcotte, conseillère principale en santé mentale à la Sun Life lors du Sommet de la Santé mentale d’Avantages.
Les hommes sont plus enclins à extérioriser leurs émotions, ce qui se traduit par des comportements agressifs, impulsifs, coercitifs et non conformes. De plus, ils présentent des taux plus élevés de troubles liés à l’abus de substances et de troubles de la personnalité antisociale. »
Des facteurs biologiques, culturels et sociaux peuvent expliquer ces différences entre les genres. D’un point de vue biologique, les différences entre les troubles mentaux chez les filles et les garçons apparaissent à l’adolescence. « Les filles sont touchées de manière disproportionnée par les troubles de l’humeur et l’anxiété, indique Annie Turcotte. Les garçons sont beaucoup plus enclins à transgresser les règles, à prendre des risques. » Des recherches ont démontré que cette différence peut s’expliquer en partie par le rythme de développement des différents systèmes cérébraux, notamment l’hippocampe et l’amygdale, qui diffère selon le genre et l’âge. « Ils jouent un rôle crucial sur la mémoire, les émotions et le comportement », précise Annie Turcotte.
Les facteurs sociaux jouent également un rôle. « Les hommes sont encore très souvent socialisés en priorisant des traits tels que la force, l’indépendance, le stoïcisme émotionnel, indique Annie Turcotte. Quant aux femmes, on s’attend à ce qu’elles prennent soin des autres, qu’elles expriment leurs émotions et qu’elles entretiennent d’étroites relations, ajoute Annie Turcotte. Cela contribue à créer une pression sociale et du stress. »
Ainsi, les femmes ont des taux plus élevés d’anxiété et de dépression, une perte d’énergie, de motivation et d’intérêt pour la vie. « Qu’il s’agisse de dépressions, de troubles bipolaires, de troubles de l’anxiété généralisée ou de phobies sociales, les femmes présentent des taux plus élevés que les hommes et l’écart est important, surtout pour les plus jeunes (15 à 24 ans) », indique Annie Turcotte. Notons que la prévalence du trouble anxieux généralisé a triplé chez les jeunes femmes de 2012 à 2022, passant de 3,8 % à 11,9 %. De plus, la phobie sociale a quadruplé chez les jeunes femmes de 20 ans depuis 2002, passant de 6,1 % à 24,7 %. « Les raisons peuvent être multiples : la pandémie, l’impact d’une plus grande utilisation des réseaux sociaux et l’inquiétude suscitée par les changements climatiques », commente Annie Turcotte.
Les hommes ont des taux plus élevés de consommation de substances et des conséquences physiques extrêmes qui y est liée, comme des pertes de conscience ou des hallucinations. « Selon le Centre de prévention du suicide, le taux de décès par suicide est trois fois plus élevé chez les hommes », ajoute Annie Turcotte.
Il existe aussi des différences importantes entre les hommes et les femmes quant à leur ouverture à aller chercher de l’aide. « Les femmes sont plus nombreuses que les hommes à obtenir une aide professionnelle », précise Annie Turcotte.
Les moyens de favoriser la santé mentale des employés sont nombreux, qu’il s’agisse de coach en santé mentale, de soins virtuels, de ressources sur la thérapie cognitivo-comportementale, de travail flexible ou de réseaux de soutien par les pairs. Il apparaît néanmoins évident que les mesures offertes devraient être personnalisées et adaptées pour répondre aux besoins différents des hommes et des femmes.