Les changements physiologiques et psychologiques au cours de la grossesse et l’importance du bien-être maternel postnatal s’accompagnent de besoins propres aux femmes qui ont longtemps été ignorés.
« On oublie aussi que les changements vécus par la personne enceinte sont encore présents après le retour au travail », a souligné Tina Montreuil, professeure agrégée au Département de psychopédagogie et de psychologie du counseling à l’Université McGill, lors du Sommet de la santé mentale d’Avantages.
Qu’ils soient neurologiques, psychologiques ou physiologiques, ces changements sont nombreux. « On parle peu de problèmes de santé mentale au cours de la grossesse, constate Tina Montreuil. Il s’agit pourtant des complications médicales les plus fréquentes pendant la grossesse et le post-partum. Cela touche 25 % des femmes et 10 % des hommes. »
Plusieurs études ont identifié des changements neurofonctionnels chez les femmes enceintes. « Les connexions se font différemment, ce qui affecte différentes structures anatomiques du cerveau. Cela a des conséquences sur les plans cognitifs et exécutifs, explique Tina Montreuil. Par exemple, des changements au niveau du lobe frontal peuvent affecter les fonctions de planification, de réflexion, de prise de décisions. On peut avoir plus de difficultés à prendre du recul, à ne pas agir de manière affective. Cela peut donc affecter la performance au travail et la manière de se comporter, que ce soit pendant la grossesse ou lors du retour au travail. »
Des changements de l’humeur ou sur le plan affectif ont souvent des explications biologiques. « Quand on voit un changement dans le comportement de l’employée, ce n’est pas toujours une question de motivation ou d’intérêt, précise Tina Montreuil. Une personne peut être tout à coup plus anxieuse ou plus dépressive qu’à l’habitude. On sait aussi que le sommeil est compromis, surtout au 3e trimestre de la grossesse, ce qui peut exacerber certains autres changements. »
Les changements physiologiques sont également nombreux pendant la grossesse et peuvent expliquer certaines manifestations observées. « On a tout à gagner à avoir des structures organisationnelles de soutien aux personnes en transition à la parentalité et au moment de leur retour au travail, mentionne Tina Montreuil. Le dialogue est important pour créer une plus grande empathie, une plus grande écoute et une meilleure reconnaissance des besoins. »
Sur le plan neurologique, des troubles de l’attention et de la mémoire et une sensibilité accrue au stress sont observés lors du retour au travail. « Il faut être sensible à la durée des rencontres et se questionner sur les bénéfices du travail hybride », croit Tina Montreuil.
Comprendre les besoins spécifiques des parents en retour de congés, réduire les stigmas entourant la santé mentale périnatale, créer un environnement de travail inclusif et sain, mettre en place des politiques favorables à la famille, offrir des programmes de retour progressif et améliorer continuellement les mesures offertes sont parmi les mesures suggérées aux employeurs.