La migraine est une maladie moins bien connue qu’elle ne devrait l’être, a déploré la Dre Heather Pim, neurologue au Centre hospitalier de l’Université de Montréal et présidente du conseil d’administration à Migraine Québec, lors de l’édition 2025 de la conférence Régimes collectifs & santé au travail.
Cette maladie neurologique chronique et progressive touche 14 % de la population mondiale, soit 1,3 million de personnes au Québec. « Au Canada, une seule personne sur dix a accès à un traitement approprié », ajoute la Dre Pim. Il s’agit pourtant de la première cause d’années vécues avec une incapacité dans la population active (15 à 49 ans), avec une prévalence plus marquée chez les femmes. »
La migraine est encore trop souvent associée à un simple mal de tête. Or les symptômes sont nombreux et peuvent être très invalidants (maux de tête, auras, douleurs cervicales, brouillard mental, sensibilité à la lumière et au son, nausées, vomissements, etc.). Chaque épisode de migraine est composé de trois phases avec des symptômes variables pouvant s’échelonner sur plusieurs jours. « La phase de la migraine dure de 4 à 72 heures, avec un mal de tête habituellement d’un côté de la tête, qui pulse comme un cœur battant, d’intensité modérée à sévère, indique la Dre Pim. Les activités routinières augmentent les symptômes. »
La migraine est une maladie chronique qui peut évoluer. « Dans la phase épisodique, cela survient d’un à six jours par mois, mais si ce n’est pas traité on peut entrer dans une phase épisodique fréquente où cela survient de 7 à 15 jours par mois, puis dans une migraine chronique qui survient de 15 à 30 jours par mois, indique la Dre Pim. Deux à trois pour cent des cas se transforment en migraine chronique par année. »
Dans 80 % des cas, la migraine est épisodique et les personnes atteintes la contrôlent avec des antiinflammatoires prescrits ou non. « L’utilisation efficace de médicaments préventifs est la clé d’une régression d’une migraine chronique vers une migraine épisodique, tel qu’observé dans 26 % des cas sur deux ans, ajoute la Dre Pim.
Depuis 2018, une nouvelle classe de traitements, les anti-CGRP, a révolutionné la façon de traiter la migraine. » Toutefois, dans les demandes de poursuite des traitements avec des anti-CGRP, l’INESSS recommande que le prescripteur fournisse la preuve de diminution de 50 % du nombre de jours de migraine par mois. « C’est complètement ridicule !, déplore la Dre Pim. Si la personne revient avec 12 ou 13 jours de migraine, mais qu’elle ne manque plus le travail, qu’elle ne vomit plus, qu’elle ne consulte plus à l’urgence, c’est parce qu’elle a besoin de ce traitement ! »
Heather Pim recommande donc aux assureurs de ne pas appliquer ce critère et ajoute que les employeurs peuvent apporter des adaptations organisationnelles et structurelles (horaires flexibles, coquilles antibruit, pauses fréquentes) ainsi que des programmes d’autogestion pour aider les personnes atteintes de migraine. L’offre de webinaires aux employés est également la bienvenue pour réduire la stigmatisation.