Karine Bilodeau, Université de Montréal

De toutes les maladies chroniques, le cancer arrive en tête des pertes d’emploi et de réduction de la capacité de travail.

« Seulement 64 % des personnes touchées par le cancer retournent au travail après 18 mois », souligne Karine Bilodeau, professeure à la Faculté des sciences infirmières de l’Université de Montréal. De plus, « il est très difficile de planifier le retour au travail après un cancer, car la capacité de travail est très évolutive », a-t-elle ajoutée, lors de la conférence Régimes collectifs & santé au travail, en octobre dernier.

Deux personnes sur cinq recevront un diagnostic de cancer au cours de leur vie. Heureusement, les taux de réussite des traitements augmentent. « De tous les diagnostics de cancer, environ 65 % des personnes vont toujours être en vie après cinq ans, et 1,5 million de Canadiens vont vivre 25 ans post-maladie », se réjouit Karine Bilodeau.

Ces statistiques soulignent l’importance d’offrir des régimes d’assurance collective adaptés. « Les 18 à 34 ans sont parmi les moins bien desservis au Canada par les services de santé, déplore Karine Bilodeau. Ce sont souvent ceux qui choisissent le régime d’assurance le moins généreux, parce qu’ils n’ont peut-être pas encore d’enfants, pas encore d’engagements. Ils ont aussi le moins de sécurité d’emploi et peu d’économies de côté. Le diagnostic de cancer a un impact sur leurs études, leur carrière, leur accumulation de dettes, leur vie amoureuse et sexuelle et ils ont davantage d’anxiété que la population générale. »

Les personnes entre 35 et 50 ans atteintes de cancer devront quant à elles jongler avec des obligations familiales et celles du travail. Le retour au travail n’est toutefois pas sans défis. « Huit personnes sur dix éprouvent des difficultés physiques et sept personnes sur dix des difficultés émotionnelles », indique Karine Bilodeau.

Les défis sont plus grands lorsque la personne a reçu des traitements de chimiothérapie et s’est absentée du travail plus d’un an. « Pour offrir un soutien personnalisé à ces employés, il est nécessaire de revoir les attentes, de rester humain dans la gestion du retour au travail, en étant à l’écoute et en offrant du soutien émotionnel », ajoute Karine Bilodeau. Le retour progressif, la flexibilité quant aux conditions de retour et l’attitude respectueuse du supérieur et des collègues sont à privilégier pour faciliter le retour au travail.