Les investisseurs institutionnels sont généralement habilités à éviter les tendances éphémères et les effets de mode dans les stratégies de placement, mais la nature humaine étant ce qu’elle est, certains d’entre eux éprouvent quand même une certaine crainte de passer à côté d’opportunités d’investissement uniques.
Naomi Denning, directrice, investissements à Eckler, estime qu’un cas de « FOMO » (fear of missing out, ou peur de passer à côté) pourrait actuellement se produire avec les problèmes de concentration « extrême » des risques dans les indices boursiers.
« Je pense que les gestionnaires sont soumis à une certaine pression, car leur style ne consiste peut-être pas à détenir des actions à l’évaluation très élevée, même si la valeur de celles-ci a beaucoup augmenté. Aux États-Unis en particulier, il leur est très difficile de surpondérer les “Magnificent Seven”, car celles-ci représentent déjà une part importante de l’indice. »
L’attention que suscitent les géants technologiques du « Magnificent Seven » crée des tensions entre les gestionnaires et les investisseurs, ajoute-t-elle.
« Cela a mis à l’épreuve la résilience de nombreux gestionnaires, qui se retrouvent sous-performants parce qu’ils s’en tiennent à leur processus. Je suis sûre qu’il y a beaucoup de “FOMO” en coulisses. »
Dustin Reid, vice-président et stratège en chef des titres à revenu fixe à Placements Mackenzie, considère que la dynamique actuelle des investissements dans l’or risque de donner à certains investisseurs le sentiment d’avoir raté le coche. La hausse du prix de cet actif, ajoute-t-il, est quelque chose que certains investisseurs canadiens ont probablement cherché à suivre.
« En observant l’or en particulier, je dirais que depuis août, beaucoup de gens ont eu peur de passer à côté de quelque chose. »
L’exposition et la pression auxquelles sont confrontées certaines des plus grandes caisses de retraite canadiennes en font un excellent exemple que les petits régimes de retraite peuvent prendre comme modèle, explique Naomi Denning.
Les orientations prises par le Maple 8 (les huit plus grandes caisses de retraite au pays) ne se traduisent pas nécessairement par des actions de la part des petits régimes, car il est difficile de répliquer les stratégies de placement de leurs homologues de plus grande taille. Cependant, des tendances peuvent se développer et créer une pression sur les régimes de retraite de petite et moyenne taille, ajoute-t-elle.
« Le gouvernement a encouragé une plus grande transparence, en particulier parmi les grands régimes, ce qui crée une pression sur les autres. »
Naomi Denning a constaté un intérêt accru des régimes de retraite pour les opportunités canadiennes, sans pour autant négliger l’importance de la diversification.
Il y a environ trois ans, Dustin Reid et son équipe ont discuté des occasions liées aux cryptomonnaies. L’équipe a examiné la possibilité d’ajouter cet actif à son portefeuille et la manière de procéder, avant de conclure que cela ne convenait pas à ses investisseurs.
« Il y a clairement eu une période, il y a quelques années, où les cryptomonnaies étaient extrêmement performantes et nous avions le sentiment, d’une certaine manière, de passer à côté d’une opportunité en ne les ajoutant pas. Mais en fin de compte, nous avons estimé que ce n’était pas nécessairement la bonne chose à faire à ce moment-là pour nos clients. »
Cet article a initialement été publié par Benefits Canada