
Le coût de l’arthrite pour l’économie canadienne est appelée à bondir au-delà de 33 milliards de dollars par année.
L’arthrite est la principale cause d’invalidité au Canada, mais très peu de gens reconnaissent les répercussions de cette affection, indique un nouveau sondage Léger. Elle coûte chaque année 33 milliards $ à l’échelle du pays et on s’attend à ce que les coûts bondissent puisque le nombre de personnes souffrant d’arthrite devrait passer de six à neuf millions d’ici 2045, selon la Société de l’arthrite du Canada.
En amont de la Journée mondiale de l’arthrite, le 12 octobre, la Société de l’arthrite du Canada et la division de la firme Léger consacrée à la santé ont publié un rapport, lundi, intitulé « L’arthrite: Le fardeau silencieux sur l’économie canadienne ».
Ce rapport se veut « un appel urgent à l’action », notamment un appel à plus d’investissement dans la recherche, du meilleur soutien au travail et de la sensibilisation auprès du public pour atténuer « le fossé entre la réalité et les perceptions ».
Les coûts indirects associés à l’arthrite sont souvent sous-estimés, pointe la Dre Siân Bevan, directrice scientifique de la Société de l’arthrite du Canada. Les coûts plus évidents sont liés aux dépenses en santé, c’est-à-dire les médicaments, les professionnels de santé, les examens médicaux, etc. Mais il y a aussi d’autres répercussions sur l’économie.
Les personnes atteintes d’arthrite ne sont pas aussi productives au travail à cause de leur affection. « Elles ne sont pas toujours en mesure de donner le meilleur d’elles-mêmes au travail, elles manquent des jours de travail et beaucoup doivent quitter le marché du travail prématurément. C’est là qu’interviennent tous ces coûts indirects, qui ont certainement un impact important sur le coût économique annuel que nous estimons pour cette maladie », explique en entrevue la Dre Bevan.
Comment les employeurs peuvent-ils aider
Les résultats du sondage montrent que 85 % des personnes atteintes d’arthrite qui sont sur le marché du travail affirment que l’arthrite a limité ou qu’elle limitera leur capacité de travailler. Environ le quart d’entre elles ont indiqué avoir droit à des accommodements au travail, et une personne sur cinq seulement bénéficie d’avantages sociaux.
Ces résultats concordent avec l’insatisfaction des personnes souffrant d’arthrite à l’égard de leur employeur. En effet, 65 % d’entre elles croient que les employeurs du Canada ne soutiennent pas suffisamment les employés.
Que peuvent faire les employeurs pour les aider? « C’est avant tout réfléchir à leur environnement de travail et à la manière dont celui-ci pourrait être plus inclusif pour les personnes atteintes d’arthrite. Cela peut inclure des éléments tels que l’ergonomie des postes de travail, c’est-à-dire les aménagements physiques nécessaires pour les rendre plus accessibles. Cela peut également inclure d’avoir des horaires flexibles », répond la Dre Bevan.
Elle ajoute que l’éducation est importante pour appuyer les employés qui vivent avec l’arthrite. « Comment s’assurer que les employés et les employeurs disposent des ressources et des informations nécessaires pour comprendre l’arthrite; comment protéger leurs articulations au travail, comment réduire cette tension et, de manière générale, comment maintenir un mode de vie sain et gérer les symptômes de l’arthrite au travail et à la maison », énumère Dre Bevan.
Les employeurs devraient également réfléchir aux régimes d’avantages sociaux pour s’assurer que certaines couvertures peuvent faire une réelle différence pour les personnes atteintes d’arthrite.
Pas que les aînés qui en sont atteints
Une fausse idée largement propagée est que l’arthrite affecte seulement les aînés. Certes, sa prévalence augmente avec l’âge, mais l’arthrite peut se déclencher à n’importe quel âge. Le sondage indique que la moitié des Canadiens atteints d’arthrite ont moins de 65 ans, et un tiers d’entre eux reçoivent un diagnostic avant 45 ans.
« Ce sont des personnes qui sont à un moment important de leur carrière, qui ont souvent une vie familiale et des responsabilités importantes. Et je pense que cela a un impact considérable », souligne Dre Bevan, ajoutant qu’on entend trop souvent les gens dire « que c’est juste de l’arthrite ».
Par rapport à son ampleur, l’arthrite est négligée dans la recherche. Elle n’attire pas autant l’attention des chercheurs que d’autres maladies chroniques, comme le cancer, les maladies du cœur et le diabète. « Il ne fait aucun doute qu’il existe un manque criant de sensibilisation sur l’arthrite. Nous savons que c’est plus courant dans ce pays que dans beaucoup d’autres, mais ça ne reçoit tout simplement pas l’attention que ça mérite », commente la Dre Bevan.
« La recherche sur l’arthrite est sous-financée, poursuit la directrice scientifique. Elle n’est pas considérée comme une priorité. L’impact de l’arthrite sur la population de ce pays est complètement sous-estimé. »
D’autre part, seuls 4 % des répondants au sondage ont correctement identifié que l’arthrite est la principale cause d’invalidité au Canada.
Autre fait surprenant, près d’un répondant sur 10 ne connaissait pas le type d’arthrite qui l’affecte. Il existe plus de 100 types d’arthrite. Parmi les plus connus figure l’arthrose, une maladie dégénérative des articulations qui aboutit à la destruction du cartilage articulaire et de l’os sous-jacent.
Le sondage Léger, auquel 1624 adultes canadiens ont participé, a été réalisé du 5 et 8 septembre 2025.