Victimes de discrimination au quotidien dans leur milieu de travail, les employés en situation de handicap cherchent activement un poste ailleurs, révèle un rapport de KPMG.

Six travailleurs handicapés sur dix au Canada affirment qu’ils se sentent sous-employés et qu’ils n’utilisent pas pleinement leurs compétences dans leur activité professionnelle. En conséquence, la même proportion de répondants (60 %) cherchent un nouvel emploi, selon le sondage mené par KPMG auprès de 1 000 Canadiens handicapés.

Si les employés handicapés estiment ne pas pouvoir atteindre leur plein potentiel au travail, c’est parce qu’ils disent être victimes de capacitisme, qui se définit par des attitudes qui dévalorisent et limitent le potentiel et l’inclusion des personnes handicapées. Près de la moitié des employés handicapés sondés (44 %) disent avoir été victimes de capacitisme au cours de la dernière année. Cette proportion grimpe à 58 % pour les travailleurs dont le handicap est apparent, à 60 % chez les personnes handicapées de couleur et à 61 % chez les Autochtones handicapées.

Le capacitisme semble également plus présent chez les hauts salariés. Plus de la moitié (53 %) des employés handicapés ayant un salaire de 150 000 $ ou plus indiquent avoir été victimes de capacitisme, comparativement à 47 % chez ceux ayant un salaire entre 50 000 et 149 000 $, et à seulement 36 % chez ceux dont le salaire se situe entre 30 000 $ et 49 000 $.

Travailler plus pour être reconnu

Pour surmonter les préjugés liés à leur condition, les personnes handicapées doivent fournir davantage d’effort. Ainsi, 68 % d’entre elles affirment devoir travailler plus que leurs collègues non handicapés pour être valorisés et reconnus de la même façon dans leur milieu de travail. Cette proportion grimpe à 81 % pour les personnes ayant un handicap apparent, comparativement à 62 % pour les personnes ayant un handicap non apparent. Les femmes, les personnes de couleurs et les Autochtones en situation de handicap ressentent également davantage ce besoin de travailler davantage.

Une proportion relativement faible de travailleurs handicapés (32 %) sont en outre d’accord pour dire que leur milieu de travail est un environnement sûr où ils peuvent divulguer leur handicap à d’autres personnes. Dans le même ordre d’idées, quatre répondants sur dix affirment que leur organisation ne tente pas activement d’éliminer la stigmatisation envers les personnes handicapées, et seulement 27 % sont fortement d’accord avec le fait que leur employeur offre des mesures d’adaptation.

Quelles sont les mesures que les personnes handicapées aimeraient que leur employeur mette en place ? Tout d’abord, favoriser un environnement de travail ouvert et inclusif fondé sur la confiance et l’empathie, avec une proportion de 58 %. Suivent l’adoption d’outils et de processus permettant aux personnes handicapées d’être les plus productives possibles (46 %) et enfin, la modification des processus de recrutement pour éliminer les obstacles au processus d’embauche (45 %).

Près de 80 % des répondants affirment par ailleurs qu’une plus grande représentation des personnes handicapées dans les postes de direction est nécessaire.

« Les résultats de notre sondage révèlent que le capacitisme est un problème systémique dans les milieux de travail canadiens, affirme Rob Davis, chef de l’inclusion, de la diversité et de l’équité chez KPMG au Canada. Ils montrent également que les personnes handicapées ont l’impression que leur employeur n’utilise pas pleinement leurs talents, ce qui représente une perte de compétences, de créativité et de productivité pour les entreprises au Canada. Il devrait s’agir d’un signal d’alarme pour les organisations afin qu’elles examinent de plus près leur culture en milieu de travail, ainsi que les politiques et les pratiques visant à créer un environnement de travail respectueux et inclusif pour les personnes ayant un handicap apparent ou non. Autrement, elles risquent de perdre des talents remarquables. »

Les travailleurs handicapés plus productifs ?

Un autre rapport récent, publié par le Conseil canadien de la réadaptation et du travail, conclut pour sa part que les employés ayant un handicap sont plus productifs et génèrent davantage de revenus pour leur employeur. Plus précisément, les employeurs qui sont à la pointe de l’intégration des personnes handicapées ont enregistré un chiffre d’affaires 1,6 fois supérieur et un bénéfice net 2,6 fois supérieur à ceux de leurs homologues.

Selon les recherches de l’Institute for Work & Health citées dans le rapport, les bénéfices totaux d’une main-d’œuvre canadienne pleinement inclusive pourraient se situer entre 252,8 et 422,7 milliards de dollars, soit entre 13,1 % et 22 % du produit intérieur brut canadien. La Banque TD estime pour sa part que le fait de combler le déficit d’emploi chez les Canadiens handicapés pourrait créer 450 000 nouveaux emplois d’ici 2030 et ajouter 50 milliards de dollars au PIB du Canada.