De passage à Montréal, Claude Lamoureux a demandé au ministre fédéral des Finances de tenir, à l’automne, un sommet national visant à réformer notre système d’épargne-retraite et de discuter du déclin des régimes de retraite à prestations déterminées.

Présentement, le tiers des Canadiens sur le marché du travail ne disposent d’aucune épargne en vue de leur retraite. Une bonne partie des deux tiers restants n’épargnent pas suffisamment pour s’assurer une indépendance financière à la retraite.

« En dépit des nombreux avantages qu’ils présentent pour les Canadiens en tant que véhicule d’épargne-retraite, les régimes à prestations déterminées poursuivent leur déclin sous le regard impassible des gouvernements », se désole M. Lamoureux, récemment retraité du poste de président et chef de la direction du Régime de retraite des enseignantes et des enseignants de l’Ontario.

« Je suis profondément préoccupé de ce que les Canadiens n’aient plus, d’ici quelque temps, accès aux régimes à prestations déterminées. La perte de ce véhicule d’épargne-retraite attrayant, efficace et fiable et de ce pilier important du système d’épargne retraite du Canada serait désastreuse », a ajouté M. Lamoureux lors d’une rencontre avec quelques journalistes.

Selon lui, l’arrivée des régimes de retraite par financement salarial pourrait constituer une solution possible pour les employeurs. Ce nouveau type de régime se veut une forme de régime à prestations déterminées où la cotisation de l’employeur est fixée à l’avance. Le solde des cotisations à verser (y compris les paiements pour déficits) est à la charge des participants. En contrepartie, l’excédent d’actif est également attribué aux participants.

D’autres recommandations
M. Lamoureux s’est également dit inquiet face à l’écart sans cesse grandissant entre la « générosité » des régimes publics par rapport à ceux des régimes privés de façon globale.

« Les régimes publics sont généralement indexés, ce qui est rarement le cas des régimes privés. De plus, contrairement aux régimes publics qui sont essentiellement des régimes à prestations déterminées, les régimes privés se tournent de plus en plus vers les régimes à cotisations déterminées souvent moins généreux. »

M. Lamoureux a ensuite rappelé l’importance pour les participants de planifier et d’épargner tôt en vue de la retraite. Pour ce faire, il prône la mise en application de l’adhésion automatique au régime de l’employeur ou encore d’incitatifs visant la participation et la prise en charge des participants.

Il suggère également que l’âge de la retraite soit repoussé. « Avec l’espérance de vie qui ne cesse d’augmenter, certains passeront plus de temps à la retraite que sur le marché du travail. »

Favoriser les régimes PD
En qualité de conseiller spécial auprès de l’Institut canadien des actuaires, M. Lamoureux a par ailleurs exprimé son appui à l’égard de trois solutions qui ont été proposées au gouvernement fédéral par l’Institut canadien des actuaires pour redresser la situation des régimes à prestations déterminées.

1. L’adoption de mesures législatives qui permettent la mise sur pied de fonds de sécurité de retraite entièrement provisionnés par le promoteur. Les cotisations au fonds seraient indépendantes des fonds de retraite, mais complémentaires. Les excédents du fonds qui ne sont pas nécessaires pour satisfaire aux engagements en matière de rentes de retraite pourraient être restitués au promoteur.

2. L’adoption de mesures législatives stipulant que les régimes de retraite à prestations déterminées doivent établir une marge de solvabilité cible. Les congés de cotisations ne seraient permis que lorsque l’excédent est supérieur à la marge de solvabilité cible.

3. La modification des règles fiscales de manière à permettre aux promoteurs de régime d’accumuler des excédents plus substantiels que la limite actuelle de 10 pour cent, ce qui accroîtrait la sécurité des prestations pour les participants des régimes.

M. Lamoureux fait valoir avec insistance que les différents paliers de gouvernement au pays doivent commencer à harmoniser leurs efforts et amorcer un dialogue sur l’élaboration d’un ordre du jour national en vue de la réforme des pensions. Il recommande notamment de simplifier la gestion des régimes de retraite et de penser aux employeurs qui doivent de plus en plus faire face à de multiples contraintes qui les découragent à offrir des régimes à prestations déterminées. Il a entre autres cité la propriété des surplus, qui demeure une source de débat.

« Bien qu’il n’y ait pas de solution rapide au système de retraite, le moment est venu pour les gouvernements de prendre ensemble des mesures décisives afin de mettre en oeuvre des réformes qui sont nécessaires », a ajouté M. Lamoureux.

« Un sommet national sur la réforme des pensions constitue un premier pas dans cette direction, soit vers un système d’épargne-retraite plus vigoureux et un avenir financier plus reluisant pour tous les Canadiens. Il est temps aujourd’hui de prévoir des solutions à long terme pour faire face aux 30 ou 40 prochaines années », a-t-il conclu.