La situation « exceptionnelle » sur le marché du travail a amené l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés à publier une mise à jour de ses prévisions d’augmentations salariales pour 2022, publiées en septembre dernier.

La montée rapide de l’inflation et la rareté de la main-d’œuvre ont fait en sorte que de nombreux employeurs ont accordé des augmentations plus généreuses en 2022 qu’ils ne l’anticipaient il y a à peine quelques mois plus tôt.

« C’est assez exceptionnel, dans les dernières années, c’est la première fois qu’on fait des prévisions révisées, dit sa directrice générale Manon Poirier en entrevue. On le sentait à l’automne que ça pouvait changer à cause du contexte particulier. »

Déjà en septembre, l’Ordre prévoyait les plus fortes augmentations salariales depuis 10 ans à 2,9 % en moyenne. Celles-ci seraient encore plus importantes qu’anticipé, selon son enquête sur les prévisions salariales réalisée en partenariat avec les firmes Normandin Beaudry, PCI Perreault conseil, Solutions Mieux-être LifeWorks et Willis Towers Watson.

Au Québec, on prévoit désormais des augmentations se situant en moyenne entre 3,3 % et 3,5 % pour l’année 2022. Si certains employeurs accordent leur salaire à partir de janvier, certains employeurs font cet exercice au printemps, ce qui explique qu’on parle encore de prévisions.

Même dans les industries qui se trouvent dans une situation financière plus serrée, les employeurs ont dû délier les cordons de la bourse pour fidéliser leurs employés. « Il y a des organisations qui nous ont dit qu’elles pensaient faire un gel des salaires, mais que, finalement, elles vont procéder à des augmentations de salaire, parce que sinon elles vont prendre trop de retard par rapport au marché. »

Pour le moment, les craintes des entreprises d’assister à une vague de démissions ne se sont pas encore concrétisées au Québec, comme c’est le cas aux États-Unis, où l’on a appelé ce phénomène la « Grande démission ».

En décembre 2021, le taux de personnes qui ont quitté un emploi pour un autre sans demander de chômage était de 0,63 %, un peu moins que la moyenne de 0,7 % d’avant la pandémie (2011 à 2019), selon le Bilan 2021 de l’emploi de l’Institut du Québec (IDQ), qui utilise les données de Statistique Canada.

Ces données font mentir les résultats de nombreux sondages selon lesquels une proportion importante des travailleurs songeraient à voir si l’herbe est plus verte ailleurs. « On a été étonné de voir les statistiques qui disent qu’il n’y a pas eu un plus haut taux de roulement dans la dernière année », admet Mme Poirier.

Ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas de défis pour les employeurs tandis que nombre d’entre eux rapportent que le processus de recrutement prend plus de temps avant de trouver le candidat qui sera embauché, ajoute Mme Poirier.