Québec a entamé une réflexion sur le report de l’âge maximal de début des versements des prestations du Régime de rentes du Québec (RRQ), a appris Le Soleil.

L’enjeu est atterri sur la table de travail du ministre des Finances, Carlos Leitão, suite à une demande formulée le mois dernier en commission parlementaire par les experts québécois de la retraite Alban D’Amours, Bernard Morency, René Beaudry et Luc Godbout. Afin d’offrir plus de flexibilité aux retraités de la province, ces derniers estiment que l’âge maximal pour demander le versement des prestations du RRQ devrait être porté de 70 à 75 ans.

En touchant sa rente à 75 ans plutôt qu’à 65 ans, un retraité pourrait presque doubler le montant de ses prestations mensuelles, ce qui lui permettrait de mieux gérer son risque de longévité, plaident les experts.

Selon les informations obtenues par Le Soleil, la notoriété des experts ayant fait cette proposition est telle que le ministère des Finances se serait « rapidement penché sur le sujet », sans toutefois avoir arrêté quelque position que ce soit. Le quotidien ajoute qu’une telle décision ne serait sans doute pas prise avant plusieurs années et l’ouverture d’un vaste débat public.

Une mise en œuvre complexe

Si le report maximal auquel un individu pourrait décider de toucher sa rente du RRQ enverrait « un signal positif pour le maintien en emploi des travailleurs d’expérience », tout indique que très peu de gens s’en prélaverait. En effet, à peine 3 % des rentes sont demandées après 65 ans à l’heure actuelle, et moins de 1 % le sont à 70 ans.

Un autre obstacle pourrait également freiner la mise en œuvre d’une telle mesure : les règles fiscales. En vertu des règles actuelles, le versement de rentes publiques après 71 ans serait « incohérent » avec celui des prestations de retraite d’un REER. Des modifications aux règles fiscales seraient donc nécessaires. Or, ces règles relèvent du gouvernement fédéral.

D’un point de vue législatif, le report de l’âge de versement des rentes du RRQ serait fort complexe, puisqu’il nécessiterait des modifications à la loi sur le RRQ, à la loi sur la Sécurité de la vieillesse, aux lois fiscales et à la loi du Régime de pensions du Canada.

Le gouvernement Couillard ne risque donc pas d’ouvrir un tel chantier d’ici les prochaines élections, mais l’enjeu se retrouvera certainement sur la planche à dessin du gouvernement qui sera élu en octobre prochain, estime Le Soleil.