Dans la foulée des scandales financiers québécois fortement médiatisés, dont les Vincent Lacroix et Earl Jones sont les figures de proue, les investisseurs sont plus sensibilisés au risque de fraude. C'est ainsi qu'on observe de plus en plus de revues diligentes formelles et structurées de la part des comités de retraite afin de s'assurer de la qualité des gestionnaires de fonds lors du processus de sélection.

D'autre part, les comités de retraite développent également davantage leur modèle de gouvernance, dans le but de s'assurer que les membres du comité s'acquittent correctement de leurs responsabilités fiduciaires, ce qui inclut une supervision appropriée de leur délégataire ou mandataire.

« Les investisseurs veulent savoir qui est le gardien de valeur de tel fonds communs, qui sont les vérificateurs, etc. », indique Patrick Chamberland, conseiller en gestion d'actifs chez Normandin-Beaudry. « Au-delà du gestionnaire de portefeuille, l’envergure et la qualité de la réputation des firmes associées à un gestionnaire deviennent des critères plus importants. »

Les comités de retraite concentrent davantage leurs efforts dans le suivi de leurs gestionnaires, notamment quant au respect de la politique de placement ou des mandats de gestion confiés. Plus que jamais, les gestionnaires doivent compléter et déposer périodiquement un certificat de conformité avec la politique de placement et les mandats de gestion.

« Les comités de retraite doivent savoir si certains portefeuilles sont en bris de conformité par rapport aux documents de gouvernance du régime et quelles actions seront mises en œuvre par les gestionnaires pour corriger la situation, le cas échéant », ajoute-t-il.

Optimiser le processus décisionnel
Pour sa part, Patrick De Roy, directeur chez Morneau Sobeco dans les pratiques de Consultation en Régimes de retraite et en Gestion d’actif, estime qu'avec l'instauration des règlements intérieurs au Québec, il y a quelques années, on aurait pu s’attendre que la gouvernance prenne plus d’ampleur.« On perçoit néanmoins une certaine évolution, notamment dans la perception du rôle fiduciaire des membres de comités de retraite qui sont de plus en plus conscientisés de leur importance dans le processus décisionnel », explique-t-il.

Claude Reny, associé principal chez Pensul, partage le même avis et souhaite que les comités de retraite mettent en place un cadre qui optimise le processus décisionnel. « Les comités de retraite doivent déterminer de quelle manière ils peuvent prendre la meilleure décision pour la caisse selon le champ de compétences de leurs membres. »

Roland Pratte, sociétaire principal chez Towers Perrin, amène un autre son de cloche. Selon lui, les principes de gouvernance dépassent maintenant les rudiments des régimes de retraite. Les membres de conseil d'administration et les hauts dirigeants d'entreprise dont les régimes de retraite sont significatifs ont également un intérêt plus grand pour les bonnes pratiques. Certaines entreprises ont créé des comités de gestion de risque globalement pour l'entreprise.

Le processus de gouvernance se doit d’être efficace et s'attarder sur les points les plus critiques, pense-t-il. « Maintenir une bonne gouvernance favorise le suivi des meilleures pratiques et des stratégies nouvelles, et la mise en application rapide de stratégies adaptées au besoin, surtout si le plan d'action a établi des niveaux-cibles à atteindre pour modifier la stratégie en place et réduire graduellement le risque. »

« Pour que la gestion du risque soit intégrée à la culture d'une entreprise, il faut faire beaucoup d'éducation au sein de l'organisation. Cela nécessite des compétences particulières et beaucoup de leadership », termine-t-il.

*Ne manquez pas l'article sur la gestion de risque dans notre numéro d'octobre d'Avantages.