Environ un adulte canadien sur cinq est atteint d’au moins une maladie chronique majeure, et la tendance est à la hausse. La grande coupable : les mauvaises habitudes de vie.

En compilant des données de Statistique Canada, Radio-Canada a dressé un portrait exhaustif de l’état de santé des Canadiens. Les principales causes de mortalité au pays sont liées en majorité aux maladies chroniques, surtout le cancer et les maladies du cœur. Les maladies chroniques sont responsables de 65 % des décès au Canada et demeurent la cause principale de tous les décès prématurés.

« La prévalence des maladies chroniques est en augmentation de façon très importante, s’est désolé le chercheur Janusz Kaczorowski, en entrevue à Radio-Canada. Les personnes sont plus âgées mais plus malades, avec même plus d’une maladie. »

En effet, l’espérance de vie est en progression constante au pays depuis plusieurs décennies, si bien qu’un Canadien sur six est aujourd’hui âgé de 65 ans et plus. Cela dit, les habitudes de vie malsaines tendent à réduire le nombre d’années de vie et le nombres d’années vécues en bonne santé.

Ainsi, le tabagisme soustrait en moyenne trois années d’espérance de vie chez les hommes, alors que l’inactivité physique a sensiblement le même effet chez les femmes. Une combinaison de mauvaises habitudes de vie, qui incluent également la consommation abusive d’alcool et une alimentation malsaine, peut faire perdre six ans de vie, aux hommes comme aux femmes.

Le problème est dans l’assiette

Si le tabagisme est toujours un grave problème de santé public, l’abandon progressif de la cigarette par les Canadiens a permis de réduire le taux de mortalité lié aux maladies cardiovasculaires et respiratoires. La nouvelle source de préoccupation, c’est plutôt l’alimentation.

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« Pendant qu’on se dirigeait vers des actions intenses en activité physique pour faire bouger plus la population, on ne regardait pas l’assiette. La réalité, c’est que l’alimentaire joue beaucoup dans la problématique d’obésité et de maladie chronique », fait remarquer Corinne Voyer, de la Coalition québécoise pour la problématique du poids.

À peine le tiers des Canadiens consomment aux moins cinq portions de fruits et légumes chaque jour. L’apport énergétique est aujourd’hui constitué de moins de glucides qu’autrefois, mais il est plus riche en graisses et en protéines. De nombreux Canadiens n’atteignent pas non plus les doses recommandées de vitamines et de minéraux.

Des maladies évitables

Les principales maladies chroniques dont souffrent les Canadiens peuvent être évitées en éliminant certains facteurs de risque, tels que la mauvaise alimentation, l’inactivité physique, la consommation abusive d’alcool et le tabagisme. Plus de 80 % de la population canadienne âgée de 20 ans et plus présente au moins l’un de ses facteurs de risque, tandis que 67 % en présentent au moins deux.

« Ce sont des facteurs sur lesquels nous avons un contrôle, qui sont modifiables. C’est nous qui choisissons de fumer, de bien manger ou pas, de faire de l’activité physique ou pas. Ça ne dépend que de nous », a souligné à Radio-Canada la directrice de recherche et développement à la Fédération québécoise des sociétés Alzheimer, Nouha Ben Gaied.

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Car si les mauvaises habitudes de vie sont liées au cancer et aux maladies cardiovasculaires, elles seraient aussi responsables d’une hausse de la prévalence des maladies neurodégénératives, dont l’Alzheimer.

Éviter une crise de santé publique

Comme on peut le constater, le vieillissement de la population tend à alourdir le bilan de santé au pays. N’empêche que la santé des jeunes inquiète grandement les experts : le quart d’entre eux souffrent d’embonpoint ou d’obésité. Quand l’on sait que l’obésité en jeune âge et à l’adolescence est un important prédicteur de l’obésité à l’âge adulte, il y a effectivement lieu de s’inquiéter.

Pour éviter une crise de santé publique, les experts sont unanimes : le Canada doit développer davantage de programmes faisant la promotion de saines habitudes de vie et de la prévention des maladies chroniques.

« Il faut continuer à faire des efforts de prévention à tous les niveaux », soutient Louise Pelletier, conseillère médicale à l’Agence de santé publique du Canada. « Au niveau individuel, en aidant les personnes à adopter de bonnes habitudes de vie, mais aussi au niveau communautaire, en encourageant les municipalités à créer des parcs et à développer des pistes cyclables, et au niveau gouvernemental, par le développement de politiques en santé. »

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