La crise financière qui fait rage en ce moment force les caisses de retraite nord-américaines à se concentrer davantage sur la sauvegarde du capital, selon une étude de CFO Research Services menée conjointement avec Towers Perrin. Plus de 75% des cadres supérieurs responsables des finances indiquent en effet qu’ils prévoient mettre l’accent sur la réduction des risques des portefeuilles de leurs régimes de retraite à prestations déterminées (PD), plutôt que de rechercher à obtenir des rendements plus élevés.

L’étude montre que dans ce nouveau monde, les cadres supérieurs responsables des finances envisagent la stratégie de placement des caisses de retraite selon une compréhension élargie des risques assumés par l’entreprise afin d’éviter des conséquences indésirables ou inacceptables quant au niveau de provisionnement et au coût pour l’entreprise.

Un marché de plus en plus risqué et la faiblesse des rendements contraignent les gestionnaires de régimes de retraite à faire primer la gestion des risques sur la hausse des rendements. Voilà pourquoi plus que jamais, les entreprises doivent avoir recours à des outils et des approches de plus en plus raffinés pour protéger leurs placements et s’assurer que les caisses de retraite procurent les prestations promises aux participants des régimes.

«Cette situation appelle avec encore plus d’urgence les gouvernements à procéder à une révision générale du système de retraite afin de mettre en place un système qui soit fonctionnel pour tous les intéressés et qui assure un revenu de retraite adéquat pour tous les Canadiens», déclare Roland Pratte, leader du groupe de consultation en gestion d’actif à Montréal. Même si la popularité des régimes de retraite PD est en déclin, il est peu probable que ceux-ci disparaissent bientôt.

Depuis 2000, la plupart des cadres supérieurs sondés ont apporté des modifications à la conception de leurs régimes PD. Trente-six pour cent des répondants ont fermé les régimes de retraite PD existants aux nouveaux salariés, tout en maintenant la constitution des rentes des employés actuels. Par ailleurs, plus d’un quart (28%) ont remplacé leurs régimes PD par des régimes à cotisation déterminée, ce qui amène le salarié à prendre les décisions de placement qui relevaient jusque là de l’employeur. En outre, bien que les répondants au sondage indiquent que leurs régimes PD feront l’objet d’autres modifications, les deux tiers (67%) des entreprises n’entendent pas y mettre fin, à tout le moins au cours des 24prochains mois.

Revoir la conception des régimes
Quant à la conception des régimes, près de la moitié de tous les répondants (45%) affirment que la performance de l’économie ou des marchés financiers est le principal facteur externe dont il est tenu compte dans la prise de décisions sur la conception des régimes de retraite PD depuis l’an 2000.

Parmi les autres facteurs considérés, on retrouve les rentes offertes par les concurrents (40%), les modifications apportées à la réglementation des programmes de retraite (37%), les attentes accrues des investisseurs concernant les marges bénéficiaires et la capacité financière (18%), et l’examen plus approfondi dont font l’objet les pratiques de gestion des risques.

En prévision des 24prochains mois, 62% des répondants citent l’évolution des règlements, des lois ou des normes comptables comme le principal motif les amenant à repenser leurs stratégies de retraite. Les autres catalyseurs comprennent l’actualité récente des marchés financiers (41%) et l’évolution des résultats de l’entreprise (33%) — deux éléments qui ont soumis les équipes des Finances et portefeuilles des caisses de retraite à de vives tensions.

«Pour de nombreuses sociétés, la gestion des régimes de retraite entraînera des modifications relativement simples des politiques et portefeuilles, tandis que, dans d’autres cas, l’évaluation de l’avantage relatif qu’offrent les divers régimes devra tenir compte de conséquences plus profondes pour la situation financière des entreprises tout comme pour leur relation avec les salariés actuels et anciens salariés», ajoute M.Pratte.

Autres constatations clés du sondage:
À peine 21% des répondants indiquent que la gestion des risques liés à la retraite s’aligne de près sur un cadre plus large de la gestion des risques d’entreprise, alors que 27% notent qu’une gestion de l’actif fondée sur le passif constitue la stratégie de réduction des risques la plus courante.

Les entreprises ont géré le risque lié à leur portefeuille d’éléments d’actif en modifiant leur portefeuille d’actions, en investissant dans des catégories d’actif dites alternatives et en optimisant leur portefeuille de titres à revenu fixe.

Près de la moitié des répondants (47%) indiquent que les exigences réglementaires ou comptables constituaient le principal facteur qui les empêcherait de prendre des décisions en temps opportun ou d’apporter des modifications désirées aux régimes PD au cours des deux prochaines années.