Les employeurs qui versent des primes aux cadres peuvent éviter les critiques en adoptant la transparence. 

La sensibilité accrue autour de la rémunération sous forme de primes des dirigeants pousse les employeurs à privilégier la transparence et la communication lorsqu’ils expliquent les raisons pour lesquelles des primes ont été accordées.

La méthode de rémunération a fait l’objet d’un examen plus approfondi après que Catherine Tait, présidente-directrice générale de CBC/Radio-Canada, n’a pas exclu le déploiement de primes de gestion juste après que le radiodiffuseur public a annoncé en décembre dernier qu’il supprimait 800 emplois en raison d’un manque à gagner prévu de 125 millions de dollars au cours de l’exercice à venir. Lors d’une audition devant une commission parlementaire en janvier, Mme Tait a été interrogée sur la décision de l’entreprise de ne pas exclure la rémunération au rendement dans un contexte de licenciements massifs.

Alors que de nombreuses personnes remettent en question la décision de l’entreprise de verser des primes dans un contexte de licenciements massifs, Neena Gupta, associée chez Gowling WLG, explique que, du point de vue de la gestion, ces deux éléments ne sont pas contradictoires.

La décision d’accorder une prime est généralement prise par un conseil d’administration qui examine les finances, les performances et d’autres paramètres intéressant l’entreprise. Toutefois, les appels de plus en plus nombreux à la transparence financière auront un impact significatif sur la manière dont la rémunération des cadres est effectuée, dit-elle, notant que les récents déboires de la CBC en matière de rémunération pourraient inciter davantage d’employés à demander à leur employeur de divulguer leur rémunération totale.

La rémunération des cadres est l’un des aspects les plus examinés de la gouvernance d’entreprise, explique Ani Huang, président-directeur général du Center On Executive Compensation. « Ce que [les employeurs] veulent faire, c’est s’assurer qu’ils expliquent clairement les paramètres et les objectifs spécifiques que le cadre a atteints […] pour avoir droit à la prime », ajoute-t-elle. Il est également important qu’ils disposent de données permettant de comparer leurs primes avec celles de leurs pairs sur le marché et avec les performances de l’entreprise.

Selon Stephen Wolpert, associé principal chez Whitten & Lublin Employment Lawyers, les récentes critiques à l’encontre des primes ne devraient pas porter sur l’efficacité de l’outil financier, mais sur les mesures prises par les employeurs pour améliorer leur façon de mesurer les performances. « Si une organisation fait une mauvaise affaire avec son dirigeant parce qu’elle paie une prime trop élevée ou parce qu’elle ne la calibre pas correctement sur les bons indicateurs de performance, elle doit avoir honte de s’être trompée. »

Les primes des dirigeants jouent un rôle crucial dans l’attraction et la rétention des meilleurs talents, et ne sont donc pas prêtes de disparaître, selon lui. « J’ai vu des idées très intéressantes sur la possibilité de lier la rémunération des cadres au salaire minimum et de la plafonner à un certain multiplicateur du salaire minimum ou à un certain multiplicateur du salaire moyen de l’entreprise, de sorte que, quoi qu’il arrive, le déséquilibre ne s’accroisse pas. Mais la réalité, c’est que les employeurs sont en concurrence pour attirer les talents. »

Il est difficile de choisir un acteur du marché et de lui dire : « Vous plafonnez vos primes », ajoute M. Wolpert. « Car le risque pour eux est la fuite des cerveaux, l’exode des meilleurs talents. »

Ce texte a été publié initialement sur Benefits Canada.