Dans son budget du 19 mars dernier, le gouvernement fédéral a annoncé des «modifications qui donneront aux détenteurs de régimes enregistrés un plus grand choix de placements et de plus grandes possibilités de diversification, par exemple, en éliminant les entraves à l’investissement dans(…)des obligations en dollars canadiens émises par des entités étrangères». En d’autres termes, la gamme d’obligations dites Feuille d’érable(Maple bonds)sera admissible dans un REER.

Bien que les obligations Feuille d’érable existent depuis 2003, elles ne sont devenues une composante clé du marché qu’avec la levée des restrictions sur le contenu étranger d’un REER. En 2005, la valeur des nouvelles émissions était d’environ 11 milliards de dollars canadiens. En 2006, ce chiffre est passé à environ 15,6 milliards de dollars. Au premier trimestre de cette année, la valeur des nouvelles émissions atteignait 7,5 milliards de dollars, soit 35 % de la valeur totale des émissions obligataires depuis le début de l’année.

Bien que l’annonce contenue dans le dernier budget aura une influence vraisemblablement modérée, du fait que la demande potentielle sur le marché du détail n’aura probablement elle-même qu’une faible incidence sur le marché institutionnel des obligations Feuille d’érable, elle indique que ces dernières vont peser de plus en plus sur le marché des obligations de qualité.

Depuis quelque temps déjà, les fonds de pension canadiens sont à la recherche d’occasions de placement avec des rendements supérieurs à ceux offerts par le marché traditionnel des obligations gouvernementales et des obligations d’entreprise, et pour les obtenir, nombre d’entre eux se tournent vers des gestionnaires de titres à revenu fixe à style actif.

Jusqu’en 2006, dans les régimes de retraite canadiens, les obligations nationales étaient la catégorie d’actif ayant le plus fort taux de gestion active(plus de 73 %). La levée des restrictions sur le contenu étranger en 2005 a donné aux fonds de pension de nouvelles occasions de placement dans de nouvelles émissions. La plupart d’entre eux désignant les obligations étrangères comme probablement le placement clé à augmenter dans la répartition de l’actif. Les émetteurs étrangers l’ont bien compris et ont augmenté l’offre d’obligations Feuille d’érable.

Une situation avantageuse pour les émetteurs et les investisseurs
Les obligations Feuille d’érable offrent des avantages aussi bien aux émetteurs qu’aux investisseurs. Les émetteurs étrangers apprécient le coût moins élevé du financement obtenu par des écarts de swap attrayants de même que la demande soutenue des investisseurs canadiens.

Pour les gestionnaires de titres à revenu fixe à style actif, les obligations Feuille d’érable sont un important complément à leurs instruments financiers en termes d’avantage de rendement et de diversification de portefeuille. Bien que le marché obligataire canadien soit bien développé, la concentration des émetteurs reste un problème. Les 12 plus grands émetteurs d’obligations corporatives représentent 50% de la pondération en valeur du secteur corporatif de l’Indice obligataire universel Scotia Capitaux(«SCU»). La croissance du marché des obligations Feuille d’érable a entraîné l’entrée sur le marché canadien d’environ 35 nouveaux émetteurs(à l’exclusion du secteur des souverains et des filiales canadiennes des sociétés étrangères). Cela a permis, dans une certaine mesure, de diluer la concentration à laquelle certains investisseurs pouvaient faire face, tout en élargissant les opportunités pour les gestionnaires actifs.

La représentation sectorielle demeure cependant problématique car les émissions de titres du secteur financier représentent une forte proportion aussi bien dans l’indice SCU que dans les émissions d’obligations Feuille d’érable. Jusqu’à présent, la quasi-totalité des émissions d’obligations d’entreprises Feuille d’érable provenaient du secteur financier qui constitue à lui seul 46% de la composante entreprises de l’indice SCU. La diversification du crédit est aussi limitée et on ne compte à ce jour que trois nouveaux émetteurs BBB à avoir pénétré le marché des obligations Feuille d’érable.

Bien que les obligations Feuille d’érable ne fassent pas partie pour l’instant du SCU, de nombreuses obligations d’entreprises, déjà présentes dans l’indice de référence, ont des caractéristiques qui leur ressemblent. En effet, environ 20 % de la composante entreprises de l’indice sont constitués d’obligations émises par des filiales de sociétés mères étrangères, telles que Westcoast Inc. et Union Gas Inc.(propriété de Duke Energy)ainsi que Wells Fargo Financial Inc. et d’autres. Le processus de décision de placement ne devrait pas être différent pour ces émetteurs de celui pour les obligations Feuille d’érable, étant donné que leur performance est fortement portée par celle de leur société mère étrangère.

Plutôt que de constituer un obstacle, cette mondialisation de l’univers des émetteurs d’obligations canadiennes fournit d’intéressantes occasions d’affaires. Les gestionnaires de placement peuvent maintenant tirer avantage de leur capacité commerciale et de leurs compétences de crédit qu’ils appliquent à un espace canadien élargi. Cela permettra aux investisseurs de prendre leur part dans l’amélioration des rendements et de profiter d’un éventail plus diversifié d’émetteurs que lui offre le marché des obligations Feuille d’érable.

Louis Basque est vice-président, State Street Global Advisors.

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