Les hommes sont plus nombreux à subir de la violence au travail, mais les femmes sont plus à risque de souffrir d’un stress post-traumatique majeur lorsqu’elles en sont victime, révèle une étude de l’Université de Montréal. Les employeurs offrent-ils un soutien suffisant?

Près de 23 % des hommes sondés indiquent avoir subi des agressions physiques, des vols ou des menaces de mort au cours des 12 mois précédant l’étude. Chez les femmes, 16 % affirment avoir été victimes d’attouchements sexuels.

Ces résultats proviennent d’un sondage réalisé en 2011 et 2012 auprès de 2889 travailleurs québécois issus du réseau de la santé (infirmières, préposés), du secteur municipal (policiers, chauffeurs d’autobus) et des services publics provinciaux (fonctionnaires, agents de la sécurité routière, premiers répondants).

Selon Steve Geoffrion, l’un des auteurs de l’étude, la violence en milieu de travail est « sous-rapportée parce qu’elle est banalisée ». Lui et ses collègues estiment que les gestionnaires et les services de ressources humaines doivent être davantage sensibilisés à cette violence, dans le but de mieux soutenir les victimes.

« Les cas d’actes violents entre collègues engendrent plus de stress et un risque augmenté de souffrir ultérieurement de symptômes post-traumatiques. Dans un contexte de retour au travail, un supérieur pourrait instaurer des stratégies pour prévenir les situations où la victime devra rencontrer son agresseur», soutient M. Geoffrion.

À lire : Le harcèlement au travail plus fréquent que les inconduites sexuelles

Le quotidien des femmes davantage perturbé

Menée par l’École de psychoéducation de l’UdeM et l’équipe de recherche interdisciplinaire VISAGE, l’étude permet de constater que 8 % de l’ensemble des travailleurs violentés ont déclaré avoir vécu un stress post-traumatique. Et bien qu’hommes et femmes soient représentés de façon presque égale parmi ceux-ci, il semblerait que les femmes soient plus affectées.

« Même si une proportion analogue d’hommes et de femmes se disaient affectés par des réactions post-traumatiques, nous avons découvert que les femmes éprouvent plus de symptômes que les hommes, ce qui perturbe probablement davantage leur quotidien», fait remarquer Steve Geoffrion.

En moyenne, les travailleurs touchés, hommes et femmes confondus, avaient souffert d’au moins trois symptômes post-traumatiques dans les 12 mois suivant l’acte de violence au travail, tels les flashbacks, les cauchemars liés à l’agression, la perte d’intérêt, les troubles du sommeil, l’hypervigilance et les problèmes de concentration.

La nature des symptômes observées varie toutefois en fonction du genre. Ainsi, les femmes souffrent principalement d’hypervigilance et de flashbacks, tandis que les hommes sont plus sujets à l’irritabilité.

Les jeunes employés sont également plus à risque de subir de forts contrecoups d’une agression sur les lieux de travail, souligne l’étude. « Les travailleurs âgés de 20 à 34 ans sont plus susceptibles d’être victimes d’actes de violence en début de carrière parce qu’ils sont fréquemment sur le terrain et en interaction avec le public, souligne le professeur. Et plus ils sont exposés à la violence, plus ils deviennent vulnérables. Le mythe selon lequel on s’endurcit au fil du temps ne passe pas l’épreuve empirique. »

Le risque post-traumatique est également plus élevé lorsque l’agression est perpétrée par un collègue. Pour les femmes, être agressé par un homme entraîne généralement des séquelles plus importantes que d’être agressé par une femme.

À lire : Québec veut réduire l’invalidité dans le réseau de la santé