La perception des chefs des finances des organisations canadiennes quant à la nature de la crise de capitalisation des régimes de retraite se modifie. De ce fait, les dirigeants des ressources humaines devraient jouir d’une plus grande latitude dans le futur en matière de conception de régimes de retraite visant à attirer et à fidéliser les employés. C’est du moins l’une des conclusions du sondage 2008 sur le risque inhérent aux régimes de retraite effectué par Watson Wyatt Worldwide, en collaboration avec Le Conference Board du Canada.

« Même si le risque inhérent aux régimes de retraite demeure un "sujet chaud" pour bon nombre d’organisations, les résultats du sondage 2008 indiquent que les répondants sont moins portés à percevoir la situation comme une crise à long terme, explique Gilles Rhéaume, vice-président, Politiques publiques, au Conference Board. Le pourcentage de chefs des finances qui pensent que la crise sera de longue durée a diminué considérablement au cours des deux dernières années. »

Parmi les chefs des finances qui ont répondu au cinquième sondage annuel, 26 % pensent que la crise sera de longue durée, comparativement aux sommets de 61 % et de 48 pour cent atteints en 2006 et en 2007, respectivement. Par ailleurs, 31 % des chefs des finances sont d’avis que la crise est cyclique.

Au total, 168 organisations canadiennes ont participé au sondage de 2008 sur le risque inhérent aux régimes de retraite effectué par Watson Wyatt Worldwide, en collaboration avec Le Conference Board du Canada. Les répondants comprenaient à la fois des chefs des finances et des dirigeants des ressources humaines (RH).

Quarante-trois pour cent des dirigeants des RH considèrent qu’il s’agit d’une crise de longue durée, contre 40 % en 2007. Il s’agit toutefois d’une baisse par rapport au sommet de 67 % atteint en 2006.

« La mesure dans laquelle les répondants estiment que les chefs des finances doivent jouer un rôle de premier plan dans le processus décisionnel concernant la conception des régimes diminue, ce qui donne une plus grande place aux dirigeants des RH, affirme Ian Markham, directeur de l’innovation en matière de retraite chez Watson Wyatt Worldwide. Le rôle décisionnel des dirigeants des RH à cet égard devrait augmenter au cours des cinq prochaines années. »

En ce qui a trait à l’influence des finances et des ressources humaines sur les décisions relatives à la conception des régimes, 50 % des répondants croient que les considérations financières ont présentement plus de poids que les questions liées aux RH. Cependant, seulement 30 % des répondants s’attendent à ce que le service des finances l’emporte toujours sur le service des RH dans cinq ans. C’est dans une proportion de 58 % que les répondants estiment que les deux fonctions joueront, dans cinq ans, un rôle essentiellement égal dans les décisions en matière de conception de régimes.

Par ailleurs, la vague des transformations de régimes de retraite à prestations déterminées (PD) en régimes de retraite à cotisations déterminées (CD) semble ralentir. En effet, moins de 3 % des répondants procéderont à une transformation de ce genre dans les douze prochains mois, comparativement à 9 % dans les 24 derniers mois.

« L’influence croissante des RH permettra aux répondants d’utiliser la conception de leurs régimes pour attirer et fidéliser les employés aux compétences et au rendement élevés, estime David Burke, directeur de la pratique Retraite de Watson Wyatt au Canada. Les répondants croient toujours que les régimes PD sont plus efficaces que les autres mécanismes de retraite en vue d’assurer la fidélisation des employés. Cette perception est peut-être en partie attribuable aux inquiétudes des répondants quant à la capacité des régimes CD d’offrir un revenu de retraite adéquat aux participants aux régimes. »

Pour 70 % des répondants, le fait d’attirer des personnes hautement compétentes constitue une grande inquiétude, tandis que 76 % d’entre eux se disent très préoccupés par la fidélisation des employés au rendement élevé. Selon 58 % des répondants, l’incapacité des régimes CD à procurer un revenu de retraite adéquat (en raison de la faiblesse de rendement des placements) représente la principale menace quant à la viabilité de ces régimes de retraite.

Encore une fois cette année, le sondage révèle que la volatilité des cotisations de provisionnement demeure une préoccupation importante pour les régimes PD (68 % considèrent ce facteur comme une menace majeure), particulièrement pour les répondants des sociétés cotées en bourse. Dans le secteur public comme dans le secteur privé, les autres grandes menaces du point de vue des répondants des régimes sont l’asymétrie entre le risque et le rendement (63 %) et la volatilité de la charge de retraite sur base comptable (55 %).