Une nouvelle étude de Pyramis Global Advisors, la société de gestion de placements institutionnels de Fidelity Investments, révèle que les régimes de retraite canadiens se portent bien malgré la volatilité des marchés. Toutefois, les promoteurs de régimes se demandent de plus en plus comment ils pourront continuer à générer des revenus étant donné la faiblesse du rendement et l’instabilité des marchés.
L’étude nationale, intitulée Canadian Defined Benefit Plans at a Crossroad, a sondé des promoteurs de régimes de retraite à prestations déterminées publics et privés dont l’actif s’élève à plus de 200millions de dollars, afin de connaître leurs stratégies de placement actuelles, leurs plans et leurs réactions face à l’évolution du marché. Ensemble, ils représentent des actifs supérieurs à 427milliards de dollars.
«Un grand nombre de promoteurs de régimes de retraite canadiens se trouvent à la croisée des chemins. Bien qu’ils aient profité de la vigueur des marchés boursiers canadiens au cours des dernières années, ils doivent aujourd’hui faire face à des défis de taille et à des choix difficiles, explique Peter Chiappinelli, vice-président principal, Stratégies de répartition de l’actif, à Pyramis Global Advisors. Les promoteurs soupèsent un certain nombre de décisions importantes, comme la proportion de titres canadiens à inclure dans leur régime, le recours aux placements alternatifs et la gestion des risques compte tenu de la volatilité des marchés.»
Des bases solides, mais à la recherches de nouvelles sources de revenus
Dans l’ensemble, les régimes de retraite canadiens possèdent des bases très solides. Ils ont profité de la résistance des marchés boursiers canadiens, avec un rendement moyen de 11,7% sur cinq ans. Les promoteurs ont également déclaré d’excellents ratios de capitalisation, la moyenne se situant à 102,7%. Par ailleurs, la majorité des régimes (67%) seraient capitalisés à plus de 100%.
La très grande majorité des entreprises offrant un régime de retraite à prestations déterminée (97%) s’engagent à le maintenir pour leurs employés actuels et futurs. En ce qui a trait aux raisons expliquant la popularité des régimes à prestations déterminées, la plupart des répondants au sondage croient que c’est parce qu’ils offrent aux entreprises la possibilité de garantir un revenu de retraite convenable à leurs employés. Ils estiment également que les régimes à prestations déterminées sont un meilleur incitatif pour recruter et maintenir en poste les travailleurs d’aujourd’hui.
Qu’est-ce qui empêche les promoteurs de régimes de fermer l’oeil la nuit?
Interrogés sur leurs principales préoccupations, près du quart des répondants (23 %) ont indiqué le faible rendement des placements en tête de liste. La gestion des risques (20%) et la volatilité des marchés (18%) figurent également parmi les grandes préoccupations des promoteurs.
Dans le secteur privé, la faiblesse du rendement et le ratio de capitalisation figurent en tête de liste. La volatilité des marchés est un fardeau supplémentaire pour les caisses privées, qui doivent gérer leur actif et leur passif sans pour autant nuire aux résultats financiers de l’entreprise.
Dans le secteur public, la gestion des risques est la préoccupation première. Les caisses de retraite publiques, qui sont généralement plus importantes que les caisses privées, ont davantage accès aux classes d’actifs et aux stratégies d’investissement sources d’alpha, comme les éléments d’infrastructure et le capital d’investissement privé, et doivent s’assurer qu’elles peuvent gérer ces nouveaux risques.
Plusieurs promoteurs considèrent toujours le cadre réglementaire comme une entrave à la viabilité de leurs régimes, d’autant plus qu’ils doivent faire face à de faibles rendements et à d’autres menaces. Le tiers des répondants du secteur privé aimeraient bénéficier d’un droit incontestable sur les surplus générés par le régime, tandis que 22% réclament un prolongement de la période d’amortissement du déficit de solvabilité.
Les répondants du secteur public se disent, quant à eux, plus intéressés par l’augmentation ou même l’élimination des limites applicables aux surplus accumulés (28%) et par l’assouplissement des restrictions sur les investissements (24%). L’harmonisation des réglementations ne semble pas aussi préoccupante, puisque seuls 12 % des promoteurs interrogés ont indiqué que les différences provinciales sont un des principaux éléments à modifier.
Vers les placements alternatifs
L’étude de Pyramis révèle en outre que, bien que les promoteurs de régimes de retraite canadiens soient intéressés par les placements alternatifs, beaucoup se heurtent à des difficultés. En raison du faible rendement qu’ils obtiennent actuellement, les promoteurs sont nombreux à envisager le recours à des placements alternatifs pour améliorer leur situation.
«Malgré l’utilité des placements alternatifs pour diversifier le rendement et réduire les risques, les promoteurs canadiens sont moins nombreux que leurs homologues américains à les avoir adoptés, affirme M. Chiappinelli.
Beaucoup de répondants ont indiqué que leurs lignes directrices en matière d’investissement n’autorisent pas le recours aux placements alternatifs ou en position à découvert. De plus, bon nombre ont dit mal connaître ce type de placement.»
L’une des catégories d’actif alternatif qui continue d’avoir la cote parmi les promoteurs de régimes de retraite canadiens est la stratégie 130/30. Ils sont en effet 46% dans le secteur public et 26% dans le secteur privé à utiliser ces classes d’actifs ou à envisager de le faire. Bien que la majorité d’entre eux ne considèrent pas les stratégies 130/30 comme des placements alternatifs, ils éprouvent tout de même des difficultés à les mettre en oeuvre. Une des principales raisons citées par les répondants qui n’envisagent pas le recours à ces stratégies est qu’il serait trop difficile d’en expliquer le fonctionnement au comité de gestion de la caisse de retraite.
Par ailleurs, bon nombre de répondants croient que la gestion des risques se révèle plus difficile avec les placements alternatifs qu’avec les classes d’actifs traditionnels.
«Les promoteurs de régimes de retraite concentreront leurs efforts dans les prochains mois à la prise de risques, leur évaluation et leur gestion. Un des faits saillants de notre étude est qu’une grande majorité de promoteurs ne considèrent pas que les outils actuels de gestion des risques sont bien adaptés aux stratégies de placement alternatives, ajoute M. Chiappinelli. Il serait sans doute nécessaire de repenser le rôle que joue la gestion des risques dans les portefeuilles actuels des régimes de retraite.»