On dit parfois qu’une fois mort, notre argent ne sert plus à rien. Les Canadiens sont semble-t-il nombreux à partager cette vision des choses, puisqu’ils sont, à l’échelle mondiale, parmi les plus enclins à vouloir dépenser toutes leurs économies de leur vivant… et parmi les moins susceptibles d’aider financièrement leurs enfants d’âge adulte.

Ce sont quelques conclusions tirées du dernier rapport mondial de la HSBC sur l’avenir de la retraite. Le sondage, mené auprès de 16 000 personnes (dont 1000 Canadiens) dans 15 pays, révèle que 27 % des Canadiens en âge de travailler considèrent qu’il est préférable de dépenser tout son argent et de laisser ses enfants s’enrichir par eux-mêmes.

Cette grande propension à dépenser leur permet de profiter de la vie. Les retraités canadiens sont beaucoup plus susceptibles que les autres de réaliser les objectifs qu’ils s’étaient fixés pour leurs vieux jours. En effet, 44 % des retraités canadiens ont atteint au moins un de leurs objectifs de retraite, ce qui est nettement supérieur à la moyenne mondiale (24 %).

Conséquence? Les jeunes Canadiens ne doivent pas s’attendre à recevoir un généreux héritage : au Canada, les parents semblent garder leur argent pour eux. Les Canadiens sont parmi les moins enclins à aider financièrement leurs enfants d’âge adulte. Seulement 11 % des répondants canadiens n’étant pas à la retraite indiquent soutenir financièrement leurs enfants d’âge adulte, ce qui représente une des plus faibles proportions dans le monde et place les Canadiens largement sous la moyenne mondiale (21 %).

Semi-retraite : entre réalité imposée et objectif

Les données du rapport indiquent par ailleurs que les retraités canadiens sont parmi les plus nombreux à s’être sentis forcés de prendre une semi-retraite, mais aujourd’hui, près de la moitié des travailleurs prévoient opter pour cette solution. Seulement 17 % des Canadiens à la retraite complète affirment avoir d’abord pris une semi-retraite, alors que 45 % des répondants en âge de travailler disent vouloir prendre une semi-retraite avant de cesser définitivement de travailler. Cette tendance s’observe également ailleurs; la moyenne mondiale des répondants en âge de travailler qui prévoient prendre une semi-retraite s’élève à 26 %.

Parmi les Canadiens actuellement à la retraite, 15 % ont indiqué avoir pris cette décision parce qu’ils avaient de la difficulté à se trouver un emploi à leur âge. Seuls les retraités australiens ont été plus nombreux à invoquer le manque de perspectives d’emploi (17 %), ce qui place les répondants de ces deux pays loin devant la moyenne mondiale (10 %).

« Bien que le problème du sous-emploi auquel sont aujourd’hui confrontés les jeunes et les nouveaux diplômés soit bien connu, ces nouvelles données suggèrent que les Canadiens plus âgés ou approchant de la retraite en subissent également les effets, souvent au moment même où il est particulièrement important pour eux d’épargner pour l’avenir », a souligné Betty Miao, vice-présidente à la direction et responsable en chef des services bancaires de détail et gestion de patrimoine à la Banque HSBC Canada.

Le problème ne touche pas que ceux qui sont sur le point de prendre leur retraite. En effet, 10 % des Canadiens sondés âgés de 45 à 54 ans affirment qu’ils n’auraient pas choisi la semi-retraite, ce qui laisse supposer que depuis le ralentissement économique, beaucoup de travailleurs d’expérience qui pourraient occuper un poste à temps plein sont écartés du marché du travail.

De plus, la moitié de tous les répondants semi-retraités dans le monde ont changé de carrière lorsqu’ils ont cessé de travailler à temps plein. Si certains parmi eux ont pleinement réalisé leurs aspirations professionnelles et leurs objectifs financiers avant la retraite, les chiffres indiquent aussi que les employés d’expérience constituent une réserve de talent mal exploitée.

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