Les pères sont plus nombreux qu’autrefois à prendre un congé parental après la naissance d’un enfant, mais s’absenter plus de quelques semaines demeure délicat dans plusieurs milieux de travail.

Sept pères québécois sur dix ont réclamé un congé parental d’au moins une semaine en 2017, contre 56 % en 2006, selon des données du Régime québécois d’assurance parentale (RQAP), rapporte La Presse. « La hausse est constante depuis le début du régime et elle est significative », constate Claudia Giguère, actuaire en chef au Conseil de gestion de l’assurance parentale.

En revanche, les pères s’absentent beaucoup moins longtemps, en moyenne 9 semaines, comparativement à 45 semaines pour les mères.

Prendre son courage à deux mains

Une étude menée par la sociologue Valérie Harvey dans l’industrie des technologies, du multimédia et des jeux vidéo, à forte prédominance masculine, permet de constater les difficultés vécues par les nouveaux pères en matière de conciliation travail-famille.

Dans l’ensemble, le congé de paternité de cinq semaines est bien accepté partout. On le considère comme normal. Mais quand vient le temps de prolonger l’absence grâce au congé parental qui peut être partagé entre le père et la mère, les réactions sont différentes. En 2017, 37 % des pères prenaient ce congé en partie ou en totalité, en légère hausse comparativement à 10 ans plus tôt.

Dans le cadre de son étude, Valérie Harvey a discuté avec des pères qui ont dû « prendre leur courage à deux mains » pour annoncer à leur patron qu’ils envisageaient de prendre des congés de 20 ou 30 semaines.

Au retour de leur congé, la plupart des employeurs s’attendent par ailleurs à ce que les pères reprennent le travail comme si rien n’avait changé, c’est-à-dire en multipliant les heures supplémentaires. Parmi les 31 pères qui ont participé à l’étude, quelques-uns sont tombés en dépression, et d’autres ont décidé de réorienter leur carrière.

« L’annoncer, que j’allais prendre un congé, j’ai trouvé ça vraiment dur. Parce que j’étais le premier, que jamais personne n’avait fait ça », a confié à la chercheuse, Pascal, qui a pris 22 semaines de congé après la naissance de son premier enfant.

Dans 88 % des naissances au Québec, au moins un parent réclame un congé parental dans le cadre du RQAP, lancé en 2006.