Les entreprises font encore preuve d’une grande prudence concernant les augmentations salariales qu’ils prévoient accorder à leurs employés, mais ils se montrent néanmoins plus optimistes qu’il y a quelques mois.

Selon une analyse de Normandin Beaudry réalisée en novembre dernier, 7 % des 300 organisations canadiennes sondées prévoient effectuer un gel salarial en 2021. Il s’agit d’une proportion relativement élevée par rapport aux données pré-pandémie (3 %), mais largement en-dessous de celles rapportées au cours de l’été 2020, alors que 20 % des organisations prévoyaient de geler le salaire de leur personnel.

Cet optimisme prudent peut notamment s’expliquer par diverses statistiques montrant une reprise de l’activité économique, et ce, malgré l’instabilité de certains secteurs. Malgré le ralentissement économique, le phénomène de rareté des talents demeure également d’actualité dans plusieurs industries, ce qui incite les employeurs à ne pas geler le salaire de leurs employés.

Le changement de perception est particulièrement palpable dans le secteur manufacturier. À l’été 2020, plus de 10 % des organisations participantes issues du secteur de la fabrication prévoyaient effectuer un gel des salaires en 2021. À peine six mois plus tard, aucune de ces organisations ne prévoit maintenant de gel.

Par contre, les prévisions de gels salariaux atteignent 12 % chez les entreprises qui ont été les plus touchées par la crise de la COVID-19.

À la lumière de ces nouvelles données, les prévisions d’augmentations salariales pour le Canada s’établissent à 2,6 % (excluant les gels), ce qui est très près du pourcentage prévu l’été dernier (2,7 %). Cette légère diminution s’explique en partie par le fait qu’environ 35 % des organisations participantes prévoient octroyer un budget inférieur à ce qui avait été initialement prévu.

Les petites entreprises mises à mal

Ces données encourageantes cachent cependant une réalité plus inquiétante. Parmi les organisations comptant entre 50 et 100 employés, 16 prévoient des gels salariaux, par rapport à seulement 4 % en juillet 2020, tandis que 30 % des organisations de moins de 50 employés prévoient de tels gels, comparativement à 12 % l’été dernier.

En revanche, les petites organisations de 50 à 100 employés qui prévoient octroyer des augmentations salariales ont des budgets prévus arrimés à la moyenne nationale (2,6 %), voire légèrement supérieurs pour les très petites organisations de moins de 50 employés (2,8 %).

Concernant les bonis, plus de 25 % des organisations participantes ont prévu ne verser aucune bonification en 2021. Pour celles qui prévoient verser des bonis, près de la moitié effectueront des paiements qui seront de moins de 20 % de la cible. D’aussi faibles niveaux ont rarement été constatés pour un aussi grand nombre d’organisations, note Normandin Beaudry. Cela dit, 25 % des employeurs sondés, notamment les plus grandes organisations, verseront des sommes équivalentes à plus de 80 % de la cible prévue.