Si l’ensemble des travailleurs sont susceptible de souffrir un jour d’épuisement professionnel, les causes de ce syndrome varient grandement selon qu’on est un homme ou une femme, révèle une étude de l’Université de Montréal.

Chez les femmes, l’épuisement professionnel est souvent associé à la nature même de leur travail. « Plusieurs femmes ont un emploi dans lequel elles ont peu de latitude décisionnelle, c’est-à-dire que leur travail ne leur procure qu’un faible niveau d’autorité et de prise de décision et il fait peu appel à leurs compétences. Ce type de travail, qu’occupent moins les hommes, conduit ces femmes à l’épuisement professionnel», souligne Nancy Beauregard, professeure à l’École de relations industrielles de l’UdeM et auteure principale de l’étude.

Chez les hommes, l’épuisement professionnel trouve plutôt sa source dans l’organisation du travail, par exemple les longues heures supplémentaires ou les horaires atypiques. Ces difficultés liées aux horaires de travail provoquent davantage de conflits travail-famille et ont une incidence négative sur la santé mentale des hommes.

Cela dit, certains facteurs sont reconnus pour favoriser l’épuisement professionnel, et ce, autant chez les hommes que chez les femmes. Parmi ceux-ci, on note l’insécurité d’emploi et le manque de reconnaissance. « On peut raisonnablement émettre l’hypothèse que, en présence de conditions de travail qui sont les mêmes, les hommes et les femmes connaîtraient un taux d’épuisement semblable », soutient Mme Beauregard.

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Les tâches domestiques pour prévenir l’épuisement?

Pour les femmes, le fait d’accomplir des tâches domestiques constitueraient un facteur de protection contre l’épuisement professionnel. Cette conclusion de l’étude semble pour le moins étonnante, mais elle s’expliquerait par le fait que plusieurs femmes utilisent les tâches domestiques comme « stratégie de retrait » face aux demandes du travail, ce qui leur permet de « ventiler ». Bien qu’elle soit efficace à court terme, cette stratégie peut à long terme devenir un piège pour les travailleuses, car elle constitue un frein à l’avancement professionnel. Les femmes restent ainsi confinées dans des postes « à faible latitude décisionnelle. »

L’étude met donc en lumière le besoin d’imaginer des stratégies de prévention plus adaptés selon le genre des travailleurs. Pour réduire les risque d’épuisement professionnel chez les femmes, les organisations pourraient par exemple offrir à celles-ci des défis qui leur permettraient de mettre leurs compétences à profit. « C’est ce type de solutions qui sortent des sentiers battus qui seront plus susceptibles de briser le cercle vicieux de l’épuisement, ajoute-t-elle. Il est temps d’approfondir la réflexion sur la façon dont on aborde la santé mentale au travail. »

Les données utilisées pour la réalisation de cette étude proviennent de l’étude SALVEO, menée entre 2009 et 2012. Celle-ci a été réalisée auprès de 2026 travailleurs employés dans 63 milieux de travail québécois.

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