Les employeurs canadiens ont une perception très différente par rapport à leurs employés à propos de la récession et de ses effets sur leur travail et leur vie personnelle. C’est ce que révèle un sondage national de Desjardins Sécurité financière visant à évaluer les effets de la récession sur la santé des employés et des employeurs de partout au Canada.

Les employés sont plus pessimistes
L’une des principales différences entre employés et employeurs tient à leurs prévisions quant à la durée de la récession. Les employés sont plus pessimistes, prévoyant une récession d’une durée moyenne de 21 mois. De leur côté, les employeurs croient que la récession durera en moyenne trois mois de moins, 53 % d’entre eux prévoyant même qu’elle sera chose du passé d’ici un an ou moins.

Selon Yves St-Maurice, directeur et économiste en chef adjoint au Mouvement Desjardins, le pire de la récession au Canada s’est produit au cours du premier trimestre de 2009.

« C’est en janvier que le pays a enregistré la plus importante chute d’emplois depuis le début de la série statistique en 1976 », relate-t-il. « On parlait à ce moment d’une possible dépression à l’échelle mondiale. Le coeur de la tempête est maintenant derrière nous, et le creux de l’économie canadienne sera atteint à l’automne 2009. La reprise s’amorcera alors, mais ce n’est qu’à l’automne 2010 que la production reviendra au niveau d’avant la récession et qu’on amorcera une réelle phase d’expansion. La récession aura alors duré environ un an. »

Les employés craignent pour leur emploi
Quand on a demandé aux employeurs leurs priorités quant à la récession, 19,3 % ont parlé d’augmenter les ventes, 9 % d’offrir une bonne stabilité d’emploi et 7 %, de veiller à redresser la situation financière de leur entreprise.

De leur côté, les employés ont répondu qu’ils souhaitaient voir les affaires augmenter, obtenir l’appui de la direction et avoir une bonne sécurité d’emploi. En fait, 43 % des employés craignent de perdre leur emploi et bon nombre d’entre eux croient que les employeurs voient dans la récession une excuse parfaite pour couper des postes.

La réalité est fort différente, en fait, puisque 70 % des employeurs ont augmenté leur personnel. De plus, 70 % des employeurs ont bonifié leur programme d’avantages sociaux (une priorité pour seulement 5 % des employés), 64 % ont parlé à leur personnel des conséquences de la récession sur leurs affaires et 29 % ont soutenu des employés touchés durement par la récession (une priorité pour seulement 5 % des employés).

Les employeurs sont inquiets de la santé de leurs employés

La récession a une incidence négative sur l’équilibre entre la vie professionnelle et personnelle des travailleurs. Le sondage indique même que les employeurs, plus que leurs employés, sont préoccupés des effets de la récession sur la santé des travailleurs.

Plus des deux tiers des employeurs (67%) et le quart des employés (25 %) croient en effet que la récession a des effets négatifs sur la santé des travailleurs. La récession affecterait la santé mentale des travailleurs, selon 35 % des employés et 63 % des
employeurs.de plus, 35 % des employés ont indiqué vivre un niveau de stress plus élevé cette année que l’an dernier.

Milieu de travail : les avis divergent grandement
Les employés et les employeurs n’ont pas du tout la même perception quant à l’effet qu’a eu la récession sur leur environnement de travail. Près d’un quart des employés ont indiqué que leur milieu de travail était devenu plus négatif, alors que 73 % des employeurs considèrent qu’il est plus positif.

« Ce qui est évident quand on regarde ces résultats, c’est que les employeurs et les employés doivent absolument établir un dialogue clair et ouvert, et qu’ils ne doivent pas attendre les périodes difficiles pour le faire », souligne le docteur Taylor Alexander, chef de la direction du bureau national de l’Association canadienne pour la santé mentale.

Le docteur Alexander estime qu’il revient aux employés et aux employeurs de veiller à leur propre santé physique et mentale. Mais les employeurs se doivent également de créer un environnement de travail qui favorise la santé mentale de leur personnel.

« Les dirigeants ont un rôle clé à jouer dans ce domaine », affirme-t-il. « C’est pourquoi nous les encourageons, par exemple, à mettre en place différents outils afin d’encourager la communication, qu’il s’agisse de sondages auprès des employés, de rencontres d’employés toutes les deux semaines ou d’autre chose. Ces méthodes peu coûteuses donnent aux employés des moyens d’agir. Ils se sentent plus engagés et plus soutenus. »