La santé organisationnelle est devenu un sujet brûlant d’actualité. C’est d’autant plus vrai depuis le lancement de la nouvelle norme en santé, qui vise à promouvoir la santé des employés au sein des entreprises. À ce sujet, nous avons récemment assisté à une conférence offerte par Denis Gobeille, président de Gobeille Ressources humaines, au sujet de la prise de conscience de la santé des employés dans les entreprises.

La notion de productivité est souvent rapportée au Québec comme étant plutôt faible. Cela peut s’expliquer par la hausse de maladies physiques, de maladies mentales et de détresse psychologique chez les employés ainsi que par de problèmes organisationnels.

« La hausse de l’absentéisme ou du présentéisme constitue une catastrophe économique puisque cela entraîne une baisse de la productivité au travail, a déclaré M. Gobeille. Le bureau de normalisation, qui est derrière la nouvelle norme en santé, dit qu’un personnel en santé, productif et innovateur permet à l’entreprise de croître et de prospérer. C’est donc sur ces points qu’il faut travailler. »

Il existe trois manières de profiter de gains de productivité dans le temps; d’une part, à court terme (1 an), en favorisant la croissance des heures travaillées. À moyen terme (2 à 5 ans), en apportant des changements dans l’organisation du travail et à long terme, en apportant des améliorations technologiques.

« Lorsqu’on observe une baisse de productivité, il faut identifier la cause de cette baisse de productivité. Par exemple, l’herbe à poux peut causer une forte allergie provoquant le présentéisme, alors que le virus influenza peut causer la grippe menant éventuellement à l’absentéisme. En cernant les causes, on favorise les pistes de solutions. »

Contrer les accidents au travail
Selon la CSST, il y a eu 117 545 accidents de travail au Québec en 2006. Si l’on considère qu’il y avait 3 079 400 travailleurs assurés, c’est donc dire que le taux de fréquence est de 3,5 accidents par 100 travailleurs.

Parmi les endroits des blessures les plus fréquentes, soulignons le tronc (37 %), les membres supérieurs (25 %), les membres inférieurs (17 %) et la région lombaire (17 %).

La durée de l’absence peut varier passablement selon la nature de la blessure. Par exemple, un employé ayant une entorse lombaire manquera en moyenne 46 jours de travail, comparativement à 53 jours pour une contusion au dos et 175 jours pour une hernie discale.

En ce qui concerne les affections musculo-squelettiques, le syndrome du tunnel carpien provoque, en moyenne, une absence de 51 jours, contre 68 jours pour une épicondylite au poignet et 75 jours pour une tendinite à l’épaule.

Par ailleurs, les maladies chroniques sont de plus en plus fréquentes chez les travailleurs. Pensons seulement au diabète, aux maladies mentales, à l’hypertension et aux maladies cardiovasculaires, aux allergies ainsi qu’aux troubles du sommeil et de la thyroïde.

« Le stress chez les employés pourrait expliquer cette hausse, a dit M. Gobeille. Toutefois, on remarque aussi que les travailleurs souffrant d’une maladie chronique restent davantage au travail. »

« En 2007, Statistique Canada rapporte, qu’en moyenne, les employés ont perdu 11,5 jours, dont 2,2 jours étaient liés aux obligations familiales ou personnelles », a ajouté M. Gobeille.

Établir le budget santé d’une entreprise
M. Gobeille a insisté sur le fait que les entreprises doivent établir un budget santé. Les dépenses budgétaires associées à la santé renferment le régime public géré par la CSST, le régime privé de l’assurance collective, les maladies et les absences non assurées ainsi que les coûts indirects associés (comme les remplacements et les heures supplémentaires, la perte de production, la formation, etc.).

« Ces derniers coûts peuvent représenter d’une à dix fois les coûts non assurés, ce qui est énorme », a reconnu M. Gobeille.

Si, par le passé, les assurances collectives étaient un avantage offert aux employés pour assurer leur sécurité financière et offrir une rémunération concurrentielle, elle sert également aujourd’hui à définir un outil stratégique de la gestion de la santé en milieu de travail.

« L’alignement sur les problèmes de santé vécus au sein d’entreprise modifie la nature de l’assurance collective et le rôle du conseiller. Il importe d’analyser les besoins de sa main-d’œuvre pour offrir le meilleur programme qui soit », a-t-il enchaîné.

La stratégie à adopter passe inévitablement par la documentation et l’information. Il faut d’abord identifier quels sont les problèmes de santé prioritaires, comprendre ensuite les relations de causes à effets et intégrer enfin à l’assurance collective les outils de gestion répondant aux besoins de l’entreprise.

Selon M. Gobeille, l’un de ces outils, est tout simplement un registre des absences dans l’entreprise. « Les maladies chroniques sont souvent causées par de mauvaises habitudes de vie. Il faut alors chercher à modifier les comportements des travailleurs ».

Pour ce faire, M. Gobeille suggère l’implantation d’un programme de santé et mieux-être afin d’améliorer la santé en général des travailleurs. Ces programmes sont de plus en plus populaires et ils procurent un retour sur investissement d’une à dix fois selon l’importance du programme. Le coût en vaut donc la chandelle.

« Le combat contre la grippe constitue un excellent exemple, a-t-il dit. Grâce à un vaccin de 15 $, on réduit considérablement les risques d’être atteint de la grippe. Par conséquent, on diminue les risques d’absence et d’épidémie parmi les employés. »

M. Gobeille a aussi parlé des Programmes d’aide aux employés (PAE), qui sont aussi de plus en plus en vogue. « En offrant des ressources externes aux employés, on facilite la résolution de problèmes personnels pouvant nuire à la productivité des employés et cela peut favoriser la conciliation travail-famille. », a-t-il affirmé.

Favoriser un retour au travail précoce
La gestion du retour au travail d’un travailleur en invalidité est prise plus sérieusement par les entreprises. En favorisant la réadaptation intégrée, ces dernières y voient un moyen efficace afin de réduire les risques de rechute.

« Une intervention rapide augmente les chances de réussite et réduit sensiblement la durée de l’invalidité. Par ailleurs, en procédant à une analyse des causes d’invalidité et en assurant un suivi de près, on réduit les risques que les invalidités se répètent régulièrement pour les mêmes raisons chez d’autres employés », a-t-il

« Le vieillissement de la main-d’oeuvre va accroître les problèmes de santé. C’est pourquoi c’est devenu une nécessité d’investir en santé, a insisté M. Gobeille. Ainsi, la productivité augmentera alors et le budget santé finira par diminuer. Cela sera notamment perceptible par la réduction du nombre de jours d’absence », a-t-il conclu.