Selon la plus récente Enquête de 60 secondes de Morneau Sobeco, 20 % des caisses de retraite au Canada ignore si ses actifs contiennent des papiers commerciaux adossés à des créances (PCAC) ou à des hypothèques canadiennes à haut risque. De plus, presque autant de caisses de retraite croient être exposées à l’un ou l’autre des actifs qui ont entraîné la crise de liquidité sur le marché des PCAC non-bancaires. La majorité des caisses touchées demeurent tout de même optimistes et croient en un dénouement favorable de la crise.

Le marché des PCAC totalise plus de 100 milliards de dollars au Canada, dont le tiers est géré par les cinq institutions non bancaires les plus durement frappées par la crise de liquidité. Ce sont ces papiers commerciaux qui se retrouvent dans le portefeuille des caisses de retraite et d’autres régimes d’épargne collective. L’enquête révèle qu’à peine 4 % des caisses de retraite sondées en détiennent directement alors que 15 % y sont exposées via des fonds communs.

Selon Jean Bergeron, directeur du Groupe-conseil en gestion d’actif du bureau de Montréal de Morneau Sobeco, «les résultats de l’enquête viennent confirmer que la crise de liquidité affecte une minorité de caisses avec une fraction seulement des actifs investis dans ces instruments. En fait, au 30 juin dernier, la partie du marché monétaire des actifs des caisses de retraite ne dépassait guère 4,2 % en moyenne sur les 40 milliards de dollars d’actifs qui sont gérés par les 43 gestionnaires canadiens faisant partie de l’analyse trimestrielle de Morneau Sobeco.»

«Il n’est pas possible présentement de fixer une valeur aux fonds communs du marché monétaire qui détiennent des PCAC et donc de calculer le rendement de manière juste et raisonnable, continue M. Bergeron. C’est l’effet de la contamination. »

Qui gère la portion liquide des actifs d’une caisse de retraite?
Selonles résultats de l’enquête, 33 % des gestionnaires sont choisis par les caisses de retraite d’abord pour leur expertise du marché monétaire, 28 % pour la qualité de leurs pratiques fiduciaires en matière de gestion du risque et enfin 10 % pour la qualité de leurs procédés de recherche.

L’enquête révèle aussi qu’un gestionnaire sur cinq est choisi parce qu’il gère déjà le portefeuille obligataire du régime et que des économies d’échelle peuvent être réalisées en y intégrant la portion du marché monétaire. Enfin, une caisse sur dix compte sur l’appui institutionnel du gestionnaire au cas où des recours seraient nécessaires. À la suite de la crise de liquidité, environ 20 % des caisses de retraite sondées ont dit qu’elles reverraient les pratiques fiduciaires de leurs gestionnaires.

Par contre, l’enquête révèle que 46 % des caisses de retraite se disent optimistes et croient qu’elles trouveront une solution permettant de recouvrer ou de prévenir les pertes. Étonnamment, les plus optimistes sont justement les régimes qui détiennent directement des instruments contaminés ou qui ignorent s’ils en détiennent. À l’autre extrême, le plus grand nombre de pessimistes se recrutent parmi les fonds de pension qui ne détiennent aucun de ces instruments ou qui ignorent s’ils en détiennent. Mais aucun régime détenant des instruments contaminés ne semble prêt encore à entamer des procédures contre leurs gestionnaires.

Quoiqu’il advienne de la crise, 26 % des caisses de retraite de l’enquête disent revoir actuellement les pratiques de leurs gestionnaires en matière de risque lié au marché monétaire ou disent être en train d’examiner la possibilité de mettre en place une politique permettant de séparer rapidement les instruments purs ayant une cote élevé des instruments synthétiques afin d’éviter un danger de contamination dans l’avenir.