Au cours des dernières années, une part importante des investissements réalisés par les employeurs dans leurs programmes d’avantages sociaux l’ont été en santé mentale. Avec raison. Les besoins étaient criants, les maladies psychologiques ayant été ignorées beaucoup trop longtemps. Mais les promoteurs doivent maintenant se préparer à relever des défis colossaux en matière de santé physique.

Vieillissement de la population oblige, les maladies chroniques gagnent du terrain au pays. La dernière édition du Sondage Benefits Canada sur les soins de santé révèle que 59 % des participants à un régime d’assurance collective sont aux prises avec au moins un problème de santé chronique diagnostiqué, une proportion qui grimpe à 77 % chez les 55 ans et plus. Plus inquiétant encore, la prévalence des maladies chroniques a augmenté de sept points de pourcentage chez les jeunes adultes entre 2013 et 2023, d’après les centres américains pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC).

Les troubles cardiaques (25 %) et le diabète (24 %) sont les maladies qui préoccupent le plus les participants, selon le sondage de Benefits Canada.

Pour gérer le problème, les employeurs et la société en général s’appuient encore largement sur les médicaments. Sauf que la croissance des coûts d’assurance médicaments surpasse systématiquement les taux d’inflation générale. Se fier uniquement aux traitements pharmacologiques pour prendre en charge les maladies chroniques n’est pas une stratégie pérenne.

Par exemple, les nouveaux traitements pour le diabète de type 2 sont certes de plus en plus efficaces, mais leurs coûts ont explosé, avec des demandes de remboursement en hausse d’environ 30 % entre 2019 et 2023. Si en plus on considère que les réclamations pour les médicaments contre le diabète ont augmenté de deux à quatre fois plus vite chez les moins de 30 ans que chez les personnes âgées de 30 à 60 ans, c’est une véritable tempête qui guette les promoteurs de régimes d’avantages sociaux s’ils ne font rien pour renverser la tendance.

Pour éviter le pire, les organisations devront fournir des efforts supplémentaires en matière de soutien à la santé physique, particulièrement en prévention. Que ce soit par le biais de programmes de nutrition et d’activité physique, ou encore en encourageant les employés à favoriser les modes de transport actif pour se rendre au travail, bien des possibilités s’offrent aux employeurs.

Dans l’espoir d’améliorer la santé de leur personnel, plusieurs organisations ont mis en place des programmes de mieux- être en milieu de travail. Malheureusement, plusieurs études ont démontré que la plupart du temps, ces programmes sont malheureusement peu efficaces en la matière, se révélant surtout populaires chez les employés déjà en bonne santé. Notre article en page 12 propose quelques pistes pour concevoir des programmes de mieux- être auxquels les employés adhéreront.

Les employeurs peuvent aussi agir sur un autre tableau, celui du dépistage. C’est évident que plus une maladie est détectée tôt, moins elle risque de créer des dommages à long terme sur la santé des travailleurs, et moins elle sera complexe (et coûteuse) à traiter. Comme il n’est pas toujours facile d’obtenir un rendez- vous dans le système public de santé, les employeurs ont tout intérêt à s’assurer que leur régime donne accès facilement à certains tests de dépistage, entre autres pour les maladies cardiovasculaires, le diabète et certains types de cancer.

Le cancer est d’ailleurs un fléau qui préoccupe de plus en plus employeurs et employés, comme on peut le constater en lisant le résumé de la dernière édition de notre table ronde sur la santé au travail en page 18. Les diagnostics de certains cancers sont en hausse chez les jeunes travailleurs. Heureusement, les avancées médicales sont spectaculaires. Plutôt que de partir en congé d’invalidité, une part croissante d’employés atteints d’un cancer peuvent continuer à travailler, moyennant certains accommodements. Cela demande toutefois un niveau accru de flexibilité de la part des employeurs et des assureurs dans des programmes encore parfois très rigides.

Un autre domaine d’intervention que les employeurs devraient aborder de façon plus sérieuse est celui de l’observance thérapeutique. Selon des données d’Express Scripts Canada, jusqu’à 70 % des patients au Canada ne prennent pas leurs médicaments de la manière prescrite. Résultat : des travailleurs dont l’état continue de se détériorer et des sommes colossales dépensées en médicaments jetées par les fenêtres. Des efforts de sensibilisation sont nécessaires pour rappeler aux employés l’importance de suivre leurs plans de traitement à la lettre.

Comme ils l’ont fait de manière remarquable avec la santé psychologique au cours des dernières années, les employeurs devront s’atteler à la tâche et réimaginer leurs programmes d’avantages sociaux pour faire en sorte que les employés aient un corps sain dans un esprit sain.

• Ce texte a été publié dans l’édition de septembre-octobre 2025 du magazine Avantages.
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