Vous connaissez peut-être le vieil adage : le travail, c’est la santé. Pour certains, surtout ceux qui se sentent comblés par leur profession, l’idée s’applique assez bien. De nombreuses études démontrent les effets positifs sur la main-d’œuvre d’une certaine pression ou d’un court délai pour réaliser un projet. Mais chacun d’entre nous connaît quelqu’un qui est convaincu que le travail le rend malade.
Une récente recherche américaine a conclu qu’une des clés pour pouvoir bien gérer son stress est d’avoir le contrôle sur sa charge de travail. Après avoir étudié des milliers de travailleurs dans la soixantaine pendant une période de sept ans, des chercheurs de la Kelly School of Business de l’Université de l’Indiana ont observé que les personnes occupant un poste très stressant, mais qui jouissent d’une grande liberté pour prendre leurs propres décisions, s’avéraient 34 % moins susceptibles de mourir prématurément que ceux dont la carrière était moins stressante.
Les postes les plus susceptibles de provoquer un mauvais état de santé, voire la mort prématurée, se caractérisaient par un haut niveau de stress et un faible pouvoir décisionnel. Les chercheurs en sont venus à la conclusion que c’est la possibilité d’avoir du contrôle sur ses objectifs qui procure un « stress énergisant » sur le travail.
Il faut reconnaître que ce ne sont pas tous les rôles qui comportent un grand élément de prise de décisions, peut-être encore moins de contrôle sur les heures de travail. Pensons aux lignes de production industrielle ou encore à des magasins dont les quarts de travail sont bien évidemment liés aux heures d’ouverture. Il faut aussi trouver des stratégies efficaces pour s’assurer de la santé de ces employés; après tout, on ne peut pas tous travailler dans des bureaux au centre-ville.
Dans tous les cas, toutefois, une constante demeure : le gestionnaire, le superviseur ou toute autre désignation de responsable d’équipe. Sur ce point, un commentaire partagé lors de notre récent colloque sur la santé au travail fait réfléchir. En résumé, les promotions sont souvent liées au rendement d’un employé. Cela confirme qu’il est un bon vendeur, par exemple. Mais, soulignait la conférencière, un bon gestionnaire de personnes serait d’abord et avant tout quelqu’un qui « aime les gens, qui s’intéresse aux personnes ».
Soulignons toutefois que ce ne sont ni tous les gestionnaires qui sont à l’aise de s’immiscer dans la vie des autres, ni que ceux qui ne le font pas sont nécessairement de mauvais gestionnaires. Le contexte de travail doit être pris en considération, tout comme le soutien que reçoivent les responsables d’équipe de leurs propres supérieurs. D’ailleurs, on pourrait estimer que le rôle principal de l’entreprise est d’outiller ses équipes de gestion pour que ces personnes réussissent à mieux identifier les ennuis de santé. Et surtout ceux d’ordre psychologique, moins évidents à déceler à première vue.
Tout cela implique un investissement de la part de l’entreprise. Et du gestionnaire. Compte tenu des coûts associés à la mauvaise santé, à l’absentéisme, etc., il s’agit certainement d’une stratégie qui rapporte des dividendes. Si on veut avoir des employés en santé, il faut renforcer la première ligne de défense (ou d’attaque, selon sa perspective) que représentent les gestionnaires. Dorénavant, l’adage du début devrait peut-être se lire : la santé, c’est le travail !