Tout le monde passe de temps à autre une mauvaise journée de travail. Mais il semble logique de croire qu’une carrière épanouissante, qui donne envie de se lever chaque matin, soit synonyme de bonne santé mentale pour les travailleurs.

Il s’agit de la base de la motivation. Toutefois, le simple fait d’être enthousiaste ne suffit pas à lui seul à empêcher les effets néfastes du stress sur la ­main-d’œuvre.

Une récente étude de l’Université ­Yale a permis de définir un groupe, les « motivés épuisés », soit ces personnes qui connaissent un haut degré d’implication et de professionnalisme mais qui, en même temps, éprouvent des symptômes de ­burn-out.

Ces ­travailleurs-là sont passionnés par leur métier et présentent un comportement souhaitable, qui se manifeste par exemple par une volonté d’acquérir de nouvelles compétences sur le plan professionnel. Cependant, en raison des sentiments de frustration et de stress, entre autres, ces employés exemplaires seraient les plus susceptibles d’afficher une intention de quitter l’entreprise, même par rapport au groupe dit des non motivés.

Dans le cadre de l’étude, un travailleur sur cinq se qualifierait de « motivé épuisé ». Les entreprises courent alors le risque de perdre un nombre non négligeable d’effectifs qui, malgré un contexte difficile, figureraient parmi les plus productifs. Et la solution ? ­Une dose de réalisme, suggèrent les chercheurs.

Si les programmes d’avantages sociaux ont un rôle important à jouer dans la gestion du stress, il convient aussi de s’attarder davantage aux exigences de performance imposées aux employés. Une approche qui se déclinerait en deux temps.

Primo, les objectifs ne doivent pas être source de frustrations, un but très ambitieux ne suscitant pas nécessairement un meilleur rendement, ­souligne-t-on. Par ailleurs, un objectif modéré pourrait provoquer moins d’anxiété et de fatigue chez les employés.

Deuxio, il faut s’assurer que ces derniers aient les ressources nécessaires pour réaliser leur travail, notamment avant un délai important ou pendant d’autres périodes de pression élevée.

Une évidence, diront certains. Beaucoup d’entreprises affirmeront en effet adopter un tel modèle de travail. Mais le contexte économique et financier peut les obliger à sabrer dans les dépenses. Et force est de constater que le stress demeure un problème majeur.

Une autre étude américaine a récemment remis en question l’utilité des programmes de ­mieux-être pour améliorer la santé physique et mentale des employés. Les programmes de remise en forme attireraient surtout les personnes déjà actives, par exemple. Même les incitatifs financiers n’auraient pas permis d’augmenter la participation de façon notable.

Soulignons aussi que nombreux sont ceux qui ignorent la gamme de services qui leur est offerte dans le cadre d’un programme d’aide aux employés, incluant tout ce qui a trait au conseil financier. Et ce, alors que les dettes et les finances figurent parmi les principales préoccupations des gens.

Il faut alors redoubler d’efforts afin que les travailleurs tirent meilleur profit des programmes mis à leur disposition, et faire en sorte que ­ceux-ci répondent adéquatement à leurs besoins.

L’entreprise ne porte pas l’entière responsabilité quant à la pression sur les épaules des travailleurs. Mais elle se doit d’agir, ne ­serait-ce que pour ne pas perdre la guerre des talents. Bien outiller les employés pour qu’ils puissent atteindre leurs objectifs s’avère un bon point de départ, car demander de faire plus avec moins a ses limites.

Simeon ­Goldstein
Rédacteur en chef
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